• Dimitri Chostakovitch
    Concerto pour violoncelle n°1. Symphonie n°5
    Xavier Phillips (violoncelle), Les Dissonances, David Grimal (direction)

Pochette de l’album consacré à Dimitri Chostakovitch par Les Dissonances. | DISSONANCES RECORDS

Présenté comme un légitime hommage à Mstislav Rostropovitch (1927-2007) de la part de l’un de ses héritiers français, cet enregistrement « live » à l’Opéra de Dijon, en 2014, du Concerto pour violoncelle n°1 de Dimitri Chostakovitch (1906-1975) est exceptionnel à tous points de vue. Par l’interprétation de Xavier Phillips, qui repose sur un son à la coupe élégante, taillé dans une étoffe de prix, et sur la complicité entre le soliste et l’ensemble Les Dissonances, qui libère l’expression de son aspect épique pour en révéler les mille implications humaines. Chantre d’une noble suavité sur fond de désolation slave (2mouvement) ou moteur d’une vrille à pénétration hitchcockienne (Finale), Xavier Phillips est d’une parfaite justesse dans chaque registre propre à Chostakovitch. Il en va de même pour David Grimal dans une Cinquième symphonie dont l’emphase et l’ingénuité ont dû paraître aussi suspectes l’une que l’autre aux auditeurs de 1937, à l’exception de Staline, alors frappé de surdité idéologique. Pierre Gervasoni

1 CD Dissonances Records.

  • Vanishing Twin
    Choose Your Own Adventure

Pochette de l’album « Choose Your Own Adventure », de Vanishing Twin. | SOUNDWAY RECORDS

Aventure, le ton général du disque du groupe britannique Vanishing Twin est dans son titre. Une aventure musicale qui circule dans des ambiances variées, à partir d’un socle pop-psyché. Clairement pop, donc, le thème d’ouverture de l’album vire à mi-parcours à une sorte de jazz étrange que ne renieraient pas Sun Ra ou Roland Kirk. Plus loin, une virgule, un intermède, Floating Heart, qui repose sur la seule batterie, des sonorités de synthétiseurs, une ligne de basse. Eggs, qui suit, pourrait être une composition de Pink Floyd de 1969-1972, avant Dark Side of the Moon. Mené par la chanteuse et guitariste Cathy Lucas, à la voix rêveuse, Vanishing Twin doit beaucoup à sa rythmique fluide et flottante (Susumu Mukai à la basse, Valentina Magaletti à la batterie) et un sens malin de l’habillage instrumental avec l’emploi de percussions, sons d’orgue, vents trafiqués. Un agréable équilibre entre bizarrerie contrôlée et déploiement mélodique. Sylvain Siclier

1 CD Soundway Records.

  • Madeleine Peyroux
    Secular Hymns

Pochette de l’album « Secular Hymns », de Madeleine Peyroux. | IMPULSE !/UNIVERSAL

La Peyroux s’appelle Madeleine en raison de Proust qu’enseignait sa mère. Elle a commencé par chanter dans la rue, notamment à Paris. Dreamland, son premier album remarqué, date de 1996. On tente alors de l’assassiner dans le dos, en la comparant à Billie Holiday. Elle n’en demandait pas tant. Careless Love (2004) se retrouve plébiscité. Nervosité de la critique. On ne saura jamais pourquoi elle disparaît, toutes sortes de bruits délicieusement absurdes se mettent à courir. Madeleine Peyroux a pris son temps, agacé les dents malades de la critique. Elle passe son temps à n’en faire qu’à sa tête. Jamais il n’y eut, dans la chanson, le jazz, la java, diva moins diva. Elle s’isole, désespère ses producteurs, les dentistes de la critique, et puis la revoilà, imprenable, incorruptible, avec un album d’hymnes à l’amiable, des blues de Lil Green ou de Willie Dixon (quel amour du blues !), des airs d’Allen Toussaint et Linton Kwesi Johnson. Elle n’a pas dû coûter cher à son prestigieux label : une guitare accompagnement très délicate (John Herington), un bassiste impeccable (Barak Mori), deux micros pour la belle (vocal et guitare), plus trois canettes de bière. L’acoustique de St Mary’s Church, en Grande-Bretagne, sonne bien à son oreille ? L’album y sera enregistré à l’ancienne, avec réverb naturelle et son des pierres, en janvier. C’est net, touchant, chanté comme on chante quand on est si douée et qu’on a des chansons très aimées. La critique nerveuse se ronge les dents. La liberté, surtout quand elle s’en prend à des hymnes profanes, a toujours ses détracteurs. Madeleine Peyroux continue d’échapper au système, alors qu’elle en est au centre. Formidable. Francis Marmande

1 CD Impulse/Universal Music.

  • Ian Bostridge
    Shakespeare Songs
    Œuvres de Finzi (Let us Garlands Bring), Tippett (Songs of Ariel), Stravinsky (Three Songs from William Shakespeare). Songs de Byrd, Morley, Wilson, Johnson, Schubert, Haydn, Quilter, Gurney, Warlock, Korngold, Poulenc, Britten. Avec Ian Bostridge (ténor), Antonio Pappano (piano), Elizabeth Kenny (luth), Michael Collins (clarinette), Lawrence Power (alto), Adam Walker (flûte)

Pochette de l’album « Shakespeare Songs », par Ian Bostridge et Antonio Pappano. | WARNER CLASSICS

Le ténor Ian Bostridge rend hommage à son compatriote William Shakespeare, disparu il y a 400 ans, en rassemblant quelques-unes des nombreuses œuvres inspirées par les textes du grand dramaturge anglais, du XVIe au XXe siècle. Ainsi Johnson, Morley, Wilson et Byrd, puis Haydn, Arne et Schubert, jusqu’au XXsiècle de Warlock, Poulenc, Finzi, Korngold, Tippett et Stravinsky. Diction précise et raffinée, voire un tantinet précieuse, souplesse féline du phrasé, délicatesse des intentions musicales, Ian Bostridge chante avec l’intelligence de moyens vocaux qu’il met habituellement au service de la musique baroque et des opéras de Britten dont il est un admirable interprète. Accompagné par Antonio Pappano au piano, Adam Walker à la flûte, Michael Collins à la clarinette, Lawrence Power à l’alto et Elizabeth Kenny au luth, cet excellent chanteur de lieder et de mélodies donne ici une vision méditée des poèmes et de leur mise en musique. Marie-Aude Roux

1 livre disque Warner Classics.