Des panneaux solaires aux Etats-Unis. | KERRY SHERIDAN / AFP

Poussives les voitures électriques ? Le dernier modèle S de Tesla, avec ses 700 chevaux, peut vous propulser de 0 à 250 kilomètres heures en moins de trente secondes. Sensation garantie pour le conducteur et le passager cramponné à sa ceinture. Surtout s’il s’interroge sur la tenue de route du bolide et le talent d’un pilote qu’il connaît bien. Depuis plus de trois ans, l’électronicien japonais Panasonic fournit nombre de composants au constructeur américain, à commencer par ses batteries. Les deux industriels ont décidé de lier un peu plus leur destin en collaborant sur la production de cellules et panneaux solaires. Ils seront produits dans l’Etat de New York et commercialisés par Solar City, autre création d’Elon Musk, le patron de Tesla.

Seule petite incertitude, personne ne sait si Solar City sera encore de ce monde l’année prochaine. L’entreprise, en perte chronique et à court de trésorerie, esquisse une manœuvre de la dernière chance. Pour la sortir de l’ornière, Elon Musk entend la fusionner avec Tesla. Le projet sera soumis aux actionnaires ce mois-ci, mais de méchants investisseurs activistes contestent cette opération de sauvetage alors que Tesla reste une entreprise prometteuse mais lourdement endettée et déficitaire. Elle a perdu plus de 800 millions de dollars l’an dernier pour 4 milliards de chiffre d’affaires et les analystes estiment que la société aura besoin de plus de 10 milliards de dollars d’argent frais, par emprunt ou augmentation de capital, pour financer tous ses projets d’usine et de nouveaux modèles. Pourquoi va-t-elle donc s’encombrer d’un installateur de panneaux solaires ?

Déboires industriels

Le rêve de Musk, qu’il tente de vendre aux investisseurs, est de tirer un fil depuis le soleil jusqu’au conducteur de ses bolides silencieux. Il faut donc sauver le soldat Solar City, et l’aide du Japonais ne sera pas de trop. Ce dernier est lui aussi dans une passe difficile. Le conglomérat japonais, qui produit tout ce qui est électrique, de la machine à laver aux semi-conducteurs, se relève de trois ans de restructurations et de licenciements, suite à des déboires industriels. Il entend se recentrer sur l’électronique automobile et notamment les batteries, domaine où il est un champion mondial depuis l’absorption de son compatriote Sanyo.

C’est la raison pour laquelle il s’est engagé dans le projet fou de l’usine Gigafactory de Tesla dans le désert du Nevada. Elle produira autant de batteries à elle seule que la totalité du marché mondial en 2013. Si cela marche, cela lui donnera une avance considérable sur ses concurrents coréens qui entendent avoir leur part de ce qui s’annonce comme l’un des plus lucratif marché de l’automobile des vingt prochaines années. Alors, Panasonic ne lâche pas sa ceinture, ferme les yeux et se persuade qu’il a raison de faire confiance au plus intrépide conducteur de toute l’industrie automobile mondiale.