Mladen Grujicic, le 28 septembre, à Srebrenica. | ELVIS BARUKCIC / AFP

La commission électorale a officiellement validé lundi 17 octobre la victoire d’un Serbe, Mladen Grujicic, à la mairie de Srebrenica, ville martyre de la guerre intercommunautaire en Bosnie, qui était dirigée sans interruption par des musulmans bosniaques depuis 1999.

Selon les résultats officiels, Mladen Grujicic a remporté 54,4 % des suffrages le 2 octobre, contre 45,5 % au sortant bosniaque, Camil Durakovic. La semaine dernière, celui-ci avait contesté les résultats préliminaires en dénonçant des « irrégularités ». Les candidats ont désormais trois jours pour déposer d’éventuelles réclamations.

Les Bosniaques s’étaient inquiétés des conséquences de cette victoire de Mladen Grujicic, lui reprochant notamment de ne pas qualifier de génocide le massacre de plus de huit mille hommes et adolescents bosniaques en juillet 1995. Une qualification pourtant reconnue par la justice internationale.

Dans une interview accordée à l’Agence France-Presse avant le scrutin, le professeur de chimie de 34 ans avait admis que « le crime contre les Bosniaques a eu lieu », « mais je laisse aux institutions compétentes le soin de le qualifier ».

« Ses idoles sont des criminels de guerre »

Hatidza Mehmedovic, qui dirige l’une des principales associations des « mères de Srebrenica », a reproché à la communauté internationale de n’être pas intervenue pour faire annuler l’élection. « Nous avons été trahis par la communauté internationale en 1995, lorsqu’ils nous avaient laissés aux assassins, et ils viennent de nous trahir une seconde fois », a dit Mme Mehmedovic, qui a perdu ses deux fils et son mari dans le massacre.

« Je ne crains rien pour moi. Ils m’ont tuée depuis longtemps, avec mes fils. Mais j’ai peur pour les jeunes qui ont des enfants et qui essaient de reconstruire quelque chose à Srebrenica, la confiance surtout »

Elle estime que Mladen Grujicic « ne peut pas diriger » Srebrenica « parce que ses idoles sont des criminels de guerre, comme Radovan Karadzic », l’ancien chef politique des Serbes de Bosnie, condamné en mars à quarante ans de prison par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), notamment pour crimes de guerre et contre l’humanité, et acte de génocide.

« Les élections à Srebrenica sont une histoire finie, conclue par la victoire de notre candidat », s’est réjoui le chef politique des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, cité par l’agence de presse serbe Beta. Il a assuré que toutes les victimes de la guerre, serbes et bosniaques, seraient respectées par Mladen Grujicic.