Le maire de Béziers, Robert Ménard, lors du conseil municipal du 18 octobre. | SYLVAIN THOMAS / AFP

Le maire de Béziers, Robert Ménard, a fait adopté, dans la soirée du mardi 18 octobre, un projet de référendum sur la présence des migrants dans la ville qu’il administre. Au terme d’un long débat, trente-six des membres du conseil municipal se sont déclarés pour la mise en place de cette consultation populaire, cinq contre tandis que sept n’ont pas pris part au vote.

L’homme, soutenu par le Front national (FN, extrême droite) lors de son élection, avait annoncé avant le début de la réunion qu’il maintenait sa volonté de statuer sur ce scrutin en dépit des recommandations du préfet de l’Hérault Pierre Pouëssel. Ce dernier l’avait « invité » dans une lettre à « retirer de l’ordre du jour cette délibération », arguant que le conseil municipal « ne peut empiéter sur les compétences de l’Etat, ce qui est le cas en l’espèce ».

« Je me dois dès à présent de vous indiquer que si cette délibération venait à être adoptée, je serais conduit à en demander la censure par le juge administratif par la voie d’un référé-suspension », prévenait alors M. Pouëssel.

La préfecture avait déjà dû avoir recours au Tribunal administratif de Montpellier concernant la « garde biterroise » ou du test ADN des chiens, des mesures polémiques proposées par M. Ménard qui ont été retoquées par la justice. « Pour aller jusqu’au bout des choses, je vais maintenir le référendum et j’irai moi-même le défendre s’il le faut contre l’Etat », a déclaré l’intéressé lors d’une conférence de presse donnée avant le conseil : « Non, je ne suis pas prêt à recevoir des migrants dans ma ville. »

Campagne anti-migrants

Manifestation d’opposants au projet de référendum sur l’accueil des migrants en marge du conseil municipal de Béziers, le 18 octobre. | SYLVAIN THOMAS / AFP

Une centaine de manifestants ont protesté devant l’hôtel de ville de Béziers contre ce projet. « Plus jamais ça », « Migrants bienvenus, référendum non », pouvait-on notamment lire ou entendre lors de ce rassemblement organisé par SOS Racisme, le Parti communiste (PCF, extrême gauche) ou encore Ensemble.

« Ce n’est pas de gaîté de cœur que je vais dans l’amphithéâtre du conseil municipal pour défendre encore une fois les idées de liberté que l’on refuse à certains », a pour sa part déclaré Aimé Couquet, membre du PCF : « Béziers a toujours été une terre d’accueil et doit le rester. Au début de la réunion, une vingtaine d’opposants dont certains avaient hurlé « Ménard démission » ou « Ménard facho » ont été expulsés de la salle par des policiers municipaux et nationaux.

Coutumier des polémiques, l’ex-président de Reporters sans frontières avait lancé le 11 octobre une campagne d’affichage contre l’agrandissement programmé de 40 places du Centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) de Béziers. « Ça y est ils arrivent… Les migrants dans notre centre-ville », pouvait-on lire sur ces posters, qui ont depuis été retirés. Des hommes noirs ou à la peau mate, barbus ou la tête couverte d’une capuche, massés devant la cathédrale Saint-Nazaire y apparaissaient sous la phrase : « L’Etat nous les impose ».

La délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme (Dilcra) a saisi le parquet de la ville à propos de cette campagne. Celui-ci a ouvert une enquête confiée au service régional de police judiciaire de Montpellier.