Un migrant regarde son téléphone dans la « jungle » de Calais le 17 octobre. | DENIS CHARLET / AFP

Le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, demande au Royaume-Uni d’assumer toutes ses responsabilités dans l’accueil des mineurs isolés de la « jungle » de Calais, dans une tribune parue mardi 18 octobre dans le quotidien britannique The Guardian. « Le gouvernement français a décidé de démanteler définitivement le camp de Calais », rappelle M. Cazeneuve, qui précise que ni Londres ni Paris « ne se [résolvent] à maintenir dans le froid et la boue des personnes qui ont droit au statut de réfugiés, a fortiori s’il s’agit de femmes et d’enfants ».

M. Cazeneuve souligne que « le gouvernement britannique s’est engagé à accompagner la solution de cette crise en accueillant sur son sol des mineurs, dont la grande majorité exprime le souhait de rejoindre votre pays ». Il faut maintenant, poursuit le ministre, que « le gouvernement britannique accentue cet effort, afin que chaque mineur isolé puisse bénéficier d’une protection juste et durable ».

Pour Bernard Cazeneuve cette opération humanitaire doit aussi « s’accompagner de mesures pérennes visant à rendre à Calais, comme dans les autres parties de la Manche, notre frontière imperméable ». Il annonce que grâce aux « efforts communs et à la coopération entre les services de police, 33 filières d’immigration clandestine à destination du Royaume-Uni ont déjà été démantelées en France depuis le début de l’année ».

Cazeneuve demande au Royaume-Uni de s’occuper de migrants mineurs
Durée : 01:02

Le sort des mineurs isolés

Pour réaliser dans les délais le démantèlement de la « jungle », le campement de migrants de Calais, les préparatifs se sont intensifiés lundi, avec en exergue le sort des mineurs qu’il faut soit transférer en Grande-Bretagne, soit héberger en France. Quelque 1 300 mineurs sont recensés sur le campement, dont 500 affirmant avoir de la famille au Royaume-Uni.

Lundi, quatorze réfugiés mineurs non accompagnés en provenance de Calais devaient retrouver leurs proches au Royaume-Uni, et une dizaine mardi. Une arrivée suivie de « beaucoup d’autres », selon l’ONG Citizens UK. Selon l’organisation, ces mineurs avaient entre 14 et 16 ans et étaient syriens, soudanais, afghans, érythréens et éthiopiens. Ces jeunes ont pu bénéficier de l’accord européen de Dublin prévoyant qu’un mineur peut voir sa demande d’asile examinée dans le pays où il a de la famille.

Lundi, le premier ministre, Manuel Valls, a réuni les ministres concernés – intérieur, justice, logement et familles notamment – pour « faire le point sur la préparation de l’opération de démantèlement », et revenir sur la situation de ces mineurs non accompagnés, qui « feront l’objet d’une prise en compte spécifique ». Pour ceux qui ne souhaitent pas gagner la Grande-Bretagne, « 550 places » sont déjà réservées « dans des centres dédiés » comprenant « un accueil adapté aux mineurs », notamment en termes d’encadrement, selon le mémoire présenté par les services de l’Etat au tribunal administratif de Lille. Ils y resteront « le temps d’être orientés » et pris en charge par les départements compétents pour l’aide sociale à l’enfance.

Au total, « 7 254 places » avaient été identifiées à la mi-octobre dans les centres d’accueil et d’orientation. Un chiffre « supérieur à celui de la totalité des migrants » à évacuer, qui seraient 6 500 au maximum « en comptant très large », selon le document des services de l’Etat.

Lire aussi (en éditions abonnés) : Compte à rebours pour la « jungle » de Calais