La militante basque Emilie Martin à la cour d’appel de Pau le 11 octobre. | GAIZKA IROZ / AFP

La cour d’appel de Pau a rejeté, mardi 18 octobre, le mandat d’arrêt européen (MAE) émis par un juge espagnol à l’encontre de la militante nationaliste basque française Emilie Martin, pour son rôle dans une association de soutien aux prisonniers basques.

La chambre de l’instruction de la cour d’appel a suivi les réquisitions du parquet général, estimant que le MAE portait uniquement sur des faits survenus en France et qu’il ne pouvait donc justifier la remise de la jeune femme de 31 ans à la justice espagnole. « Les magistrats ont aussi jugé que les faits qui me sont reprochés n’ont aucun caractère délictuel ou criminel », a affirmé à l’AFP Emilie Martin, « c’est très important pour les autres militants, avocats et médecins poursuivis ».

Le juge espagnol Eloy Velasco avait délivré le 24 avril un MAE contre la jeune femme originaire de Mauléon (Pyrénées-Atlantiques) pour des faits de « participation terroriste, collaboration avec une organisation terroriste, enhardissement [apologie] du terrorisme comme organisatrice d’au moins 112 actes de bienvenue en l’honneur de personnes liées à l’ETA », organisation séparatiste basque.

Un « front des prisons » de l’ETA

Ce MAE visait ses activités de défense des détenus basques membres ou proches de l’ETA, dans le cadre du mouvement Herrira, illégal en Espagne depuis 2013 mais pas en France, où il s’est depuis dissous. En Espagne, une quarantaine de personnes sont accusées d’avoir voulu créer à travers l’association Herrira un « front des prisons » de l’ETA. En 2013, Emilie Martin avait refusé de se rendre à une convocation de la justice antiterroriste espagnole à Madrid.

La jeune femme est la sœur d’Aurore Martin, qui avait été arrêtée et remise à l’Espagne en 2012 dans le cadre d’une autre enquête, ce qui avait suscité une vague d’indignation au Pays basque et au-delà. Aurore Martin était devenue la première Française remise à l’Espagne pour des faits liés aux affaires basques. A l’automne 2015, Aurore Martin a été finalement jugée coupable d’appartenance au « front politique de l’ETA », admettant sa participation dans le cadre d’une transaction pénale qui lui a épargné la prison, comme à une trentaine d’autres personnes.

Quelque 829 morts sont attribués à l’ETA en quarante ans de violences, jusqu’en 2010, année où elle a renoncé à l’action armée. L’ETA refuse cependant de rendre armes et explosifs, ce qu’exigent Madrid et Paris.

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