La scène a un air de déjà-vu. Le 31 mai, trois policiers avaient été tués dans l’attaque, non revendiquée, du poste de police d’Intangom. Mercredi 12 octobre, ce village sahélien situé à 5 km du Mali et à 20 km du Niger a de nouveau été frappé. Vers 5 heures du matin, un groupe composé d’au moins six individus « non identifiés et lourdement armés » a pris d’assaut le détachement militaire d’Intangom. Quatre militaires et deux civils ont été tués. Depuis l’attaque du 31 mai, un renfort de l’armée composé d’une vingtaine d’hommes avait été dépêché à Intangom. Mais l’envoi de cette force supplémentaire n’a rien empêché.

Si, lors des cinq autres attaques menées dans le nord du Burkina Faso en un an, les assaillants avaient tiré avant de prendre la fuite, l’affrontement a cette fois-ci été plus long. Plusieurs sources locales ont déclaré que des tirs résonnaient encore vers 8 heures du matin. Selon nos informations, les attaquants auraient commencé par lancer une roquette sur le poste pour contraindre les hommes au repos à sortir précipitamment. A découvert et non vêtus de leur tenue complète de combat, les militaires auraient alors essuyé des tirs, entraînant la mort de trois d’entre eux.

Dans la débandade, plusieurs hommes prennent alors la fuite. L’un d’entre eux est officiellement porté disparu. Son corps sera retrouvé « en état de putréfaction dans les environs d’Intangom » trois jours plus tard, précise une source militaire.

« Cibles faciles »

Du renfort venu de Markoye et de Tin-Akoff, deux localités situées à une vingtaine de kilomètres d’Intangom, arrive sur place dans la matinée. Mais il est déjà trop tard. Les assaillants, qui n’ont à l’heure actuelle pas été identifiés par les autorités burkinabées, ont déjà pris la fuite. « Il y a eu des failles, dénonce un militaire sous couvert d’anonymat. Les renforts sont arrivés tardivement. Pourtant, il existe des moyens de communication entre les postes. » La configuration du poste avancé est aussi la cible de critiques. Pas de mirador, pas assez d’hommes. « Mettre seulement une vingtaine d’hommes là-bas, c’est les envoyer à la boucherie. »

Comme à l’accoutumée, les assaillants ne repartent pas les mains vides. Selon plusieurs sources, un pick-up, une arme lourde, un lance-roquettes ainsi que quelques armes légères sont emportés. Pour tenter de retrouver les attaquants, une opération de ratissage démarre. L’état-major général des armées se rend sur place et ne peut que constater les dégâts. Quatre morts et trois blessés côté militaire et deux civils : un conseiller du village et son fils, morts dans des circonstances qui restent à élucider. Qui des assaillants ou des militaires les ont tués ? Le doute persiste.

« L’enquête est en cours. Ce que nous pouvons dire, c’est que les assaillants cherchaient du matériel pour alimenter leurs mouvements, explique une source sécuritaire. Ils repèrent avant de frapper, adaptent leur mode opératoire et tapent des cibles faciles. » Bordant une frontière malienne réputée pour sa porosité, Intangom est le poste de sécurité le plus au nord du Burkina Faso. Une configuration qui permet aux attaquants – qualifiés par plusieurs militaires comme étant « probablement » des terroristes – de prendre rapidement la fuite vers le Mali, dont la zone frontalière est connue pour être un no man’s land.

Selon nos informations, les autorités burkinabées s’attendaient à une frappe dans la zone. Mais ils craignaient davantage que la cible ne soit l’un des deux camps de réfugiés maliens, Goudoubo ou Mentao, respectivement situés à environ 250 km et 50 km de la frontière malienne. Une crainte présente depuis le raid mené le 6 octobre dans le camp de réfugiés de Tazalit, au Niger voisin, où 22 soldats avaient été exécutés.