Alep, le 17 octobre. | KARAM AL-MASRI / AFP

La Russie et la Syrie ont interrompu leurs frappes aériennes contre Alep, mardi 18 octobre à 9 heures (heure française), avant la « pause humanitaire » prévue jeudi dans cette grande ville du nord de la Syrie, a annoncé le ministre de la défense russe, Sergueï Choïgou, cité par l’agence de presse Interfax.

La « pause humanitaire » sera en vigueur jeudi de 7 heures à 15 heures (heure de France métropolitaine), afin de permettre aux civils et aux insurgés de quitter la ville, selon le ministère de la défense russe. Lundi, le département d’Etat américain avait jugé bienvenue mais insuffisante la pause de huit heures prévue dans les attaques russes et syriennes contre la partie orientale d’Alep, tenue par les insurgés.

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Offensive depuis le 22 septembre

Jadis capitale économique du pays, Alep est aujourd’hui une ville dévastée par des bombardements incessants et de violents combats menés par les forces du régime de Bachar Al-Assad, qui entendent conquérir la partie de la ville leur échappant depuis quatre ans. Le régime syrien et son allié russe mènent depuis le 22 septembre une offensive d’envergure pour reprendre les quartiers rebelles.

Plus de 430 personnes ont péri dans des bombardements massifs de l’est d’Alep (quartiers rebelles) depuis le début de cet assaut, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). En outre, 82 habitants ont été tués par des tirs rebelles sur les secteurs tenus par les forces du régime, dans l’ouest de la ville, d’après cette même source.

Des bombardements « clairement disproportionnés »

En réponse à cette offensive, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont brandi ce week-end la menace de nouvelles sanctions économiques contre la Syrie et la Russie. Et à Luxembourg, les chefs de la diplomatie des 28 pays membres de l’UE ont décidé lundi d’amorcer des travaux en vue de sanctions individuelles complémentaires contre des Syriens « soutenant le régime pendant la durée de la répression ».

Ils n’envisagent cependant pas de sanctions contre la Russie, selon la chef de la diplomatie de l’UE Federica Mogherini, qui a fait état de « beaucoup d’autres instruments » en dehors de sanctions. L’UE a néanmoins dénoncé l’offensive syro-russe, la qualifiant d’« escalade catastrophique » dans le conflit.

« Depuis le début de l’offensive par le régime et ses alliés, particulièrement la Russie, l’intensité et l’échelle des bombardements aériens sur l’est d’Alep est clairement disproportionnée », écrivent les 28. Et de parler du « ciblage délibéré d’hôpitaux, de personnels médicaux, d’écoles et d’infrastructures vitales, tout comme l’usage de bidons d’explosif, de bombes à sous-munitions et d’armes chimiques ». Ces attaques aériennes, poursuivent-ils, ont causé « des dommages encore plus étendus parmi les civils, notamment femmes et enfants » et « pourraient constituer des crimes de guerre ». L’UE rappelle « sa conviction que la situation en Syrie devrait être soumise à la Cour pénale internationale ».

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