Julian Assange, le 4 octobre, lors d’une conférence de presse par visioconférence. | MARKUS SCHREIBER / AP

WikiLeaks a confirmé dans la nuit du 18 octobre que l’Equateur avait bien coupé l’accès à Internet de Julian Assange, le fondateur de l’organisation qui vit depuis quatre ans dans l’ambassade d’Equateur à Londres. « Nous pouvons confirmer que l’Equateur a coupé l’accès à Internet d’Assange samedi à 5 heures, peu après la publication des discours de Clinton chez Goldman Sachs », écrit WikiLeaks.

Lundi 17 octobre, WikiLeaks avait publié une série de messages énigmatiques, affirmant qu’un « acteur étatique » avait coupé l’accès à Internet de M. Assange, et que les « mesures de sauvegarde appropriées » avaient été activées. Des mesures consistant en trois messages publics, contenant ce qui semble être des séries de caractères permettant de vérifier l’intégrité d’un document. Les trois messages évoquent aussi le responsable politique américain John Kerry, le ministère des affaires étrangères britannique et l’Equateur.

Avec ces trois messages, WikiLeaks laisse entendre qu’il dispose de documents incriminants sur ces trois thématiques, et que, au cas où il arriverait malheur à l’organisation ou à son fondateur, les messages seront rendus publics. A deux reprises dans son histoire, WikiLeks a publié des fichiers chiffrés, en guise « d’assurance » – sous la menace implicite qu’en cas de problème, la clé permettant de déchiffrer les données serait rendue publique.

Conflits avec l’Equateur

Pourquoi l’Equateur a-t-il coupé la connexion de M. Assange ? WikiLeaks laisse entendre dans ses messages que le pays aurait pu agir à la demande des Etats-Unis, par mesure de rétorsion après la publication de plusieurs milliers de documents concernant le Parti démocrate et Hillary Clinton ces dernières semaines. Une hypothèse peu probable – les relations entre Quito et Washington sont loin d’être au beau fixe.

Les relations entre l’Equateur et son locataire se sont détériorées depuis que le pays a accordé l’asile à Julian Assange, qui vit reclus dans l’ambassade londonienne pour échapper à une extradition vers la Suède, qui veut l’entendre comme témoin dans une affaire de viol. A plusieurs reprises, la presse équatorienne s’est fait l’écho de conflits entre M. Assange et ses hôtes. Une sortie de crise semblait pourtant se dessiner ces derniers mois : un accord a été trouvé entre la Suède, l’Equateur et M. Assange pour qu’il puisse être entendu par un juge suédois dans les locaux de l’ambassade.

Mais l’audition prévue a été reportée la semaine dernière. En 2015, une précédente négociation sur le même sujet avait échoué à la dernière minute, en raison de la mauvaise volonté de Quito, accusait alors Londres.