Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, lors d’une conférence vidéo à l’occasion des 10 ans de son site, le 4 octobre 2016 à Berlin. | STEFFI LOOS / AFP

Le gouvernement équatorien a reconnu, mardi 18 octobre, avoir restreint l’accès Internet du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, qui vit reclus dans son ambassade à Londres depuis quatre ans. Le ministère des affaires étrangères a expliqué avoir pris cette mesure « temporaire » après la publication par le site d’informations relatives à la candidate démocrate à la présidentielle américain du 8 novembre, Hillary Clinton.

Quito, qui réaffirme son intention d’accorder l’asile à M. Assange conformément à sa décision de 2012, a estimé qu’il ne fallait pas interférer dans un processus électoral étranger. Le gouvernement de gauche de Rafael Correa a par ailleurs souligné avoir agi de son plein gré, sans pression extérieure.

Un peu plus tôt, les Etats-Unis avaient démenti les allégations lancées par WikiLeaks selon lesquelles le secrétaire d’Etat John Kerry aurait demandé à Quito de couper la connexion internet de son fondateur. Dans deux tweets, l’organisation spécialisée dans la publication de documents confidentiels avait directement mis en cause le chef de la diplomatie américaine, se référant à « de multiples sources américaines ».

Selon WikiLeaks, une réunion privée entre M. Kerry et des dirigeants équatoriens s’est déroulée en marge de la signature de l’accord de paix entre la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et Bogotá, le 26 septembre, à Carthagène des Indes dans le nord de la Colombie. L’objectif de celle-ci étant d’empêcher la publication de documents concernant Mme Clinton.

(Traduction : « De multiples sources américaines, nous disent que John Kerry a demandé à l’Equateur d’empêcher Julian Assange de publier les documents relatifs à Hillary Clinton lors des négociations de paix avec les FARC. »)

« Même si nous sommes depuis longtemps préoccupés par WikiLeaks, tout ce qui laisserait penser que le secrétaire d’Etat Kerry ou le département d’Etat seraient impliqués dans la fermeture [de la connexion internet du fondateur] de WikiLeaks est faux », avait démenti le porte-parole de la diplomatie américaine John Kirby.

« Les informations selon lesquelles le secrétaire d’Etat Kerry aurait eu des discussions avec des responsables équatoriens à ce propos ne sont simplement pas vraies. Point à la ligne. »

La Russie mise en cause

Parmi toute une série de publications par WikiLeaks liées à Mme Clinton, le site a rendu publics samedi trois discours de l’ancienne secrétaire d’Etat qui avait été payés par la banque Goldman Sachs, mettant en lumière ses liens avec Wall Street.

L’équipe de la candidate démocrate n’a pas contesté l’authenticité de ces documents, subtilisés dans les courriers électroniques du président de sa campagne, John Podesta. L’ex First Lady a accusé le gouvernement russe d’être responsable de ces fuites, un point de vue partagé par l’administration américaine, et WikiLeaks d’aider son adversaire républicain Donald Trump.

Julian Assange, fondateur de l’organisation, vit reclus à l’ambassade d’Equateur à Londres depuis juin 2012. L’Australien est sous le coup d’un mandat d’arrêt dans le cadre d’une enquête pour viol, après la plainte déposée par une Suédoise en 2010. Des faits niés par M. Assange, qui dénonce une manœuvre pour l’extrader vers les Etats-Unis, qui veulent le juger pour la diffusion d’informations secrètes.