Yahoo!, accusé d’avoir scanné massivement les courriels de ses utilisateurs à la demande des services de renseignement américains, n’entend pas se laisser faire. Dans un courrier adressé mercredi 19 octobre à James Clapper, le directeur national des renseignements, le groupe demande aux autorités d’apporter des « clarifications » dans cette affaire. « Yahoo! était mentionné spécifiquement dans ces articles et nous nous sommes trouvés dans l’impossibilité de répondre en détail. Vos bureaux, néanmoins, sont bien placés pour clarifier cette question d’intérêt public ».

Au début du mois l’agence Reuters avait affirmé que Yahoo! avait conçu un programme spécifique en 2015 pour scanner des millions de courriels et aider les services de renseignement et la police fédérale (FBI) américains. Peu après, le New York Times avait avancé une version légèrement différente, selon laquelle le groupe s’était vu ordonner par un juge fédéral de rechercher une « signature » numérique dans ses courriels dans le cadre d’une enquête sur une entité sponsorisée par un Etat et liée à des attentats. Il avait donc modifié à cet effet un programme antispam et scanné des courriels.

Yahoo! avait tenté de se défendre en affirmant qu’il « respecte la loi » et que « le scannage de courriels décrit dans l’article n’existe pas dans nos systèmes ». Dans sa lettre mercredi, le groupe passe à une autre stratégie et souligne « le manque de transparence des lois américaines qui restreignent énormément – et punissent sévèrement – la capacité des entreprises à s’exprimer au sujet d’ordres de justice liés à la sécurité nationale, même d’une manière qui ne compromette pas les enquêtes du gouvernement ».

« La transparence n’est pas seulement un enjeu pour Yahoo!, peut-on encore lire dans ce courrier. Elle sous-tend la capacité de toute compagnie évoluant dans le secteur de la technologie de l’information et de la communication à acquérir et préserver la confiance de ses clients ». Plus encore, pour Yahoo!, cette perte de confiance risque d’affecter la crédibilité de l’ensemble des entreprises américaine, aux Etats-Unis comme en dehors de leurs frontières.