Manifestation de policiers à Paris, le 20 octobre. | BERTRAND GUAY / AFP

Le président François Hollande a annoncé, dans la nuit du jeudi 20 au vendredi 21 octobre qu’il recevrait les syndicats de policiers en « début de semaine ». Des centaines d’entre eux ont encore manifesté jeudi soir à Paris et dans plusieurs villes de France. Le mouvement, né d’une violente attaque au cocktail Molotov contre quatre policiers à Viry-Châtillon (Essonne) le 8 octobre, a continué de faire tache d’huile.

« Il est très important que nous puissions donner une perspective et une réponse immédiate, et donc que les policiers sachent bien que le gouvernement et le président de la République sont dans une démarche de dialogue », a déclaré M. Hollande lors d’un point presse à l’issue de la première journée d’un sommet européen à Bruxelles.

C’est la deuxième fois que le chef de l’Etat reçoit directement les syndicats de policiers depuis le début de son quinquennat. En octobre 2015, déjà, après une manifestation organisée par les syndicats Place Vendôme, les représentants des forces de l’ordre avait été invités à l’Elysée.

  • Le ministre de la justice veut une meilleure « information »

Les critiques des policiers contre la justice relèvent d’un « manque d’informations », estime de son côté le ministre de la justice, Jean-Jacques Urvoas, dans un entretien au quotidien La Croix du vendredi 21 octobre.

Parmi les causes du ras-le-bol des agents de police qui manifestent depuis plusieurs jours revient la question d’un supposé laxisme de la justice. Mais pour le garde des sceaux, cette « incompréhension par rapport aux décisions judiciaires (…) relève en réalité d’un manque d’information : les policiers n’ont aucun moyen de savoir ce que deviennent les personnes qu’ils interpellent ».

Le ministre, qui a reçu en urgence mercredi soir les syndicats de policiers, affirme s’être « engagé à leur fournir les chiffres des peines prononcées pour des agressions sur les forces de l’ordre, chiffres qui montrent que les sanctions sont beaucoup plus sévères que pour des agressions sur des personnes non dépositaires de l’autorité publique »

M. Urvoas compte également réfléchir à « l’instauration au niveau local » d’un mécanisme d’informations entre les parquets et les commissariats pour que les policiers « sachent les suites données à leurs interpellations ».

« Ils verront alors que le sentiment d’impunité des délinquants, qu’ils dénoncent, ne correspond pas à une réalité », juge le garde des sceaux.

Pas question en revanche de rétablir le système des peines planchers supprimé par le gouvernement, selon le ministre. Il n’évoque pas non plus un changement des règles de la légitime défense, réclamé notamment par le premier syndicat de gardiens de la paix, Alliance.

  • De nouveaux rassemblements dans toute la France

Près de 500 policiers se sont à nouveau rassemblés dans la nuit de jeudi à vendredi place du Trocadéro à Paris avant de partir en cortège sauvage vers l’Elysée et le ministère de l’intérieur pour continuer d’exprimer leur mécontentement.

Les manifestants ont entonné à plusieurs reprises la Marseillaise et scandé « Policiers en colère », « Cazeneuve, démission », « Falcone démission », du nom du directeur général de la police nationale (DGPN) Jean-Marc Falcone, avant de prendre la direction des Champs-Elysées en marchant sur la chaussée.

Certains ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait notamment lire : « marre d’en prendre plein la gueule », « ras le bol » ou encore « soutien à nos collègues blessés ».

Près de 800 fonctionnaires ont également défilé entre la place Bellecour et l’hôtel de ville de Lyon, quelque 400 à Melun, 120 à Evry, une centaine d’agents à Bobigny, Toulouse, Carcassonne et Bordeaux, une cinquantaine à Montpellier et à Tarbes.

A Marseille, près de 200 policiers se sont rassemblés à 23 heures sur le Vieux Port avant de rallier le palais de justice, sirènes hurlantes et gyrophares allumés.