L’ancien sous-traitant de la NSA arrêté le 27 août aux Etats-Unis et soupçonné d’avoir soutiré des documents secrets à l’agence de renseignement sera poursuivi pour espionnage, ont annoncé des procureurs fédéraux américains, jeudi 20 octobre.

Harold Martin a, selon eux, dérobé une « quantité effarante » de données classées « top secret » et « fait courir un danger à la sécurité nationale des Etats-Unis ». Arguant d’« un fort risque de fuite » s’il était libéré sous caution, ils ont demandé son maintien en détention jusqu’à son procès.

Durant plus de deux décennies, ce résident du Maryland, Etat qui jouxte Washington, a copié et subtilisé au moins 50 000 gigaoctets d’informations confidentielles, selon le parquet.

Les enquêteurs n’ont pour l’instant pas établi que Harold Martin avait transmis ces données à des intérêts ou gouvernements étrangers. Ils n’ont notamment pas pu prouver que les données apparues en lignes et publiées par le groupe de pirates The Shadow Brokers provenaient de l’ensemble de données détournées par M. Martin.

Des documents classés top secret ont notamment été récupérés au domicile du suspect et dans le coffre de son véhicule. Les policiers ont aussi saisi un « arsenal » composé de dix armes à feu, dont un fusil d’assaut.

Le précédent Edward Snowden

Harold Martin a travaillé comme contractuel à la NSA, l’agence du renseignement américaine spécialisée dans l’espionnage des communications électroniques. Il était employé par Booz Allen Hamilton, un grand groupe privé américain qui fournit de nombreux contractuels aux agences du renseignement américaines.

« Lorsque nous avons appris l’arrestation de notre employé, nous avons immédiatement joint les autorités fédérales pour proposer notre totale coopération, et nous l’avons licencié », avait confirmé Craig Veith, vice-président de Booz Allen Hamilton.

L’affaire est embarrassante pour la NSA et pour Booz Allen Hamilton, car elle rappelle le précédent Edward Snowden. Ce dernier a révélé au monde entier l’ampleur des programmes de surveillance de la NSA, et il était lui aussi employé par Booz Allen Hamilton. Les motivations de M. Martin – geste à dimension politique, tentative d’espionnage au profit d’un acteur extérieur ou autre – restent à déterminer, alors qu’Edward Snowden a toujours dit vouloir alerter sur les dangers et l’illégalité de la surveillance de masse. Selon le New York Times, les enquêteurs n’excluent pas que M. Martin ait agi avant les révélations d’Edward Snowden, à la mi-2013.

Harold Thomas Martin était jusqu’à maintenant poursuivi pour détention de matériels secrets et vol au détriment du gouvernement. Il risquera une peine de prison bien plus lourde en étant inculpé d’espionnage.