Marcello Lippi lorsqu’il était à la tête du Guangzhou Evergrande, en 2013. | ERIC FEFERBERG / AFP

Un champion du monde pour incarner les ambitions planétaires du football chinois : l’Italien Marcello Lippi, vainqueur de la Coupe du monde 2006 avec la Squadra Azzurra, a été nommé samedi 22 octobre sélectionneur de la Chine avec pour première mission de redresser une équipe en perdition.

Lippi, 68 ans, arrive en remplacement de Gao Hongbo, qui a démissionné le 11 octobre après une nouvelle défaite 2-0 face à l’Ouzbékistan en qualifications pour le Mondial 2018 en Russie.

Le prestige du technicien italien est immense. La tâche qui l’attend l’est aussi, car la Chine, 84e au classement FIFA, n’a pris qu’un point en quatre matchs des qualifications. Elle est dernière du groupe A de la zone Asie, derrière l’Iran, l’Ouzbékistan, la Corée du Sud, la Syrie et le Qatar.

Le président Xi Jinping, grand amateur de foot, a émis trois vœux en 2011 : voir la Chine se qualifier pour la Coupe du monde, l’organiser et, si possible, la gagner. Or quand le puissant Xi Jinping veut, la Chine peut.

Quitte à passer par les « travaux forcés » : le 27 novembre 2014, le foot, jusque-là peu pratiqué, est devenu obligatoire pour tous les enfants chinois, entrant dans la liste des sports enseignés à l’école.

Lippi a déjà entraîné en Chine

En attendant que cette génération soit en âge de porter le maillot national, Lippi va déjà tenter de redresser la barre dans ces qualifications et s’atteler à structurer et développer le football chinois de sélection, comme il l’avait déjà fait de 2012 à 2014 avec le club de Guangzhou Evergrande.

Sous ses ordres, le club du groupe immobilier Evergrande avait décroché trois titres consécutifs de champion de Chine et surtout une Ligue des champions d’Asie en 2013, une première depuis 1990 pour la Chine.

C’est d’ailleurs avec ce même club que Lippi devait s’engager cet hiver, avec à la clé un contrat qualifié de « pharaonique » par la presse italienne, avant que les autorités chinoises décident de lui proposer la sélection.

Cet été, la fédération italienne avait également pensé l’installer à un poste de directeur des sélections, en tandem avec le sélectionneur Giampiero Ventura, mais un conflit d’intérêts était apparu du fait des fonctions d’agent de joueur de son fils Davide.

L’argent ne suffit pas encore

L’équipe nationale italienne est pourtant avec la Juventus Turin le grand amour de Lippi, technicien méticuleux et tacticien pointu, dont le « seul regret est de ne jamais avoir porté le maillot de la Nazionale ».

Il a tout de même donné beaucoup à l’Italie avec le titre mondial de 2006, le quatrième de la Squadra, décroché face à la France quelques semaines après le début du scandale du « Calciopoli ». Son retour de 2008 à 2010 a été beaucoup moins heureux, avec une élimination dès le premier tour du Mondial sud-africain.

En club, son palmarès s’est construit avec la Juventus, et il est impressionnant. En deux passages (1994-1999 et 2001-2004), il décroche cinq titres de champion et une Ligue des champions (1996), s’inclinant trois fois en finale de la C1 (1997, 1998 et 2003). Même si depuis 2010 il n’a travaillé qu’en Chine, son aura reste réelle et son spectaculaire CV est en cohérence avec les ambitions affichées par le régime chinois sur le marché du football.

Les clubs chinois sont ainsi devenus des acteurs réels du marché des transferts, dépensant des fortunes pour attirer des joueurs comme Hulk, Gervinho ou Ezequiel Lavezzi.
De nombreux hommes d’affaires ou entreprises chinois ont également investi massivement dans des clubs européens, notamment en Italie, où l’Inter Milan est passé sous pavillon chinois, l’AC Milan devant suivre dans les semaines qui viennent.

Mais l’argent n’a pour l’instant pas suffi et la Chine reste pour l’heure un protagoniste négligeable du football mondial de club et de sélection.