François de Rugy, candidat à la primaire de la gauche, à Paris, le 17 octobre 2015. | DOMINIQUE FAGET / AFP

Le député écologiste de Loire-Atlantique et vice-président de l’Assemblée nationale, François de Rugy, est candidat à la primaire socialiste. Celui qui a claqué la porte d’Europe-Ecologie-Les Verts en 2015 lance sa campagne, samedi 22 octobre, à Paris. Il explique le sens de sa démarche et appelle François Hollande à se prononcer le « plus rapidement possible » sur une éventuelle candidature.

Pourquoi avez-vous décidé d’être candidat ?

Je suis candidat car je fais le constat d’une tentation de la régression aujourd’hui en France. La gauche ne peut pas se contenter de critiquer la droite ou de proclamer que tel ou tel n’est pas assez à gauche. Elle doit redéfinir un projet de progrès et pour moi, aujourd’hui, le progrès c’est l’écologie. Je me présente également car, à gauche, il n’y a pas un candidat naturel de rassemblement. Cette primaire doit permettre de faire un bilan, d’avoir un projet et de désigner un leadership.

Quel projet souhaitez-vous porter ?

En matière d’écologie, l’objectif de 100 % d’énergies renouvelables en 2050 est à notre portée. Je souhaite aussi que chaque Français, à l’issue du prochain quinquennat, puisse constater une baisse de sa facture énergétique de 25 % grâce aux économies d’énergie. En matière de démocratie, je propose de rendre obligatoire le vote, d’aller au bout du non-cumul des mandats, d’introduire la proportionnelle à l’Assemblée nationale et de faire une vraie réforme de la décentralisation. Enfin, est-ce que oui ou non la France veut continuer à participer à la construction européenne ? Je réponds oui et souhaite faire du Parlement européen le cœur de la démocratie européenne.

En quoi votre candidature se différencie-t-elle de celle de Jean-Luc Bennahmias, avec qui vous aviez fondé l’Union des démocrates et des écologistes (UDE) ?

Ma candidature est écologiste. Je serai clairement le seul candidat à mettre l’écologie au cœur du projet de la gauche.

Quel bilan tirez-vous du quinquennat de François Hollande ?

Je ne serai ni dans le béni-oui-oui, ni dans le dénigrement systématique. Je ferai un bilan sans concession du quinquennat Hollande. Je pratiquerai le parler vrai. Le bilan, c’est maintenant. Sur l’écologie, il y a eu des avancées : la COP21, la loi de transition énergétique, la loi de biodiversité. Mais c’est aussi sur ce sujet qu’on a pu avoir l’impression de choses faites à moitié. Cela a été le cas des hésitations sur l’application de la loi de transition énergétique ou encore sur la fermeture de Fessenheim sans cesse reportée. Il y a enfin une absence de vision claire. Je pense à la politique des transports avec l’abandon de la taxe poids lourds. C’est un vrai point noir du bilan écologique de ce quinquennat.

Etes-vous favorable à l’évacuation de Notre-Dame-des-Landes ?

Ce n’est absolument pas la priorité au regard des enjeux de sécurité auxquels la France doit faire face. La priorité numéro un, c’est la lutte contre le terrorisme, la seconde, la sécurité face à la montée des violences dont les fonctionnaires sont les premières cibles, et la dernière, le démantèlement de cette situation absolument inhumaine de la « jungle » de Calais. On voit bien que la question de Notre-Dame-des-Landes n’est pas du tout du même ordre.

Qu’avez-vous pensé des confidences de François Hollande dans le livre des journalistes du « Monde », « Un président ne devrait pas dire ça… » (Stock) ?

Tout est dans le titre. C’est le livre de trop, les commentaires de trop, les petites phrases de trop. Ce n’est pas cela que l’on attend d’un président. Ce n’est pas dans ce livre qu’on va trouver l’explication du sens de l’action menée depuis quatre ans et demi. Ce quinquennat a trop souffert qu’à tous les niveaux, y compris au sommet de l’Etat, on soit plus dans le commentaire que dans l’action ou l’explication de l’action. C’est ce qui a manqué depuis 2012. Un président de la République ne doit pas commenter chaque fait d’actualité mais porter une vision pour l’avenir de la France.

François Hollande peut-il encore se représenter selon vous ?

C’est à lui de le dire. Le plus tôt sera le mieux car on a besoin de ce temps de débat dans le cadre de la primaire pour préparer l’élection présidentielle en ayant une capacité à se rassembler autour d’un candidat qui aura à la fois fait le bilan de l’action, défini un nouveau projet et qui saura rassembler. Est-il en mesure de le faire et de justifier une nouvelle candidature ? C’est à lui d’y répondre et le plus rapidement possible.

Arnaud Montebourg est-il à vos yeux un candidat écolo ?

Non. Je ne crois pas qu’il se définisse d’ailleurs comme tel. Nous aurons des débats au sein de la primaire, sur le bilan comme sur le projet. Arnaud Montebourg a été ministre pendant deux ans et il s’est très souvent opposé aux mesures écologiques. Sur le projet, nous avons des sujets de débats sur l’économie, l’Europe et évidemment l’écologie.

Qu’avez-vous pensé du résultat de la primaire d’Europe-Ecologie-Les Verts ?

On a un parti qui fait le choix d’une primaire interne. Les adhérents et les candidats se parlent entre eux. J’ai toujours été porteur d’une écologie qui parle à tous les Français. L’écologie ne sera pas décrétée par un parti, surtout quand il est très faible.