Pendant la trêve, des échanges de tirs ont eu lieu à Alep le 20 octobre. | GEORGE OURFALIAN / AFP

D’une durée de trois jours, la trêve « humanitaire » décrétée par la Russie et le régime syrien dans la ville d’Alep a été trop fragile. Peu après son expiration samedi, de violents combats ont de nouveau éclaté entre les forces du régime et les rebelles. Des tirs d’artillerie, des combats ainsi que des frappes aériennes ont été signalés dans plusieurs quartiers de la deuxième ville de Syrie. Trois personnes ont été blessées dans les zones rebelles, selon un premier bilan de l’OSDH.

Cette reprise des combats à Alep, déjà ravagée par des mois de bombardements, fait craindre une catastrophe humanitaire. Les quatre dernières semaines de bombardements intenses du régime et de la Russie sur Alep-Est ont fait environ 500 morts et 2 000 blessés, selon les Nations unies (ONU), entraînant la destruction d’infrastructures civiles, notamment des hôpitaux.

La Russie avait accusé vendredi les rebelles de « profiter du cessez-le-feu » pour préparer une grande offensive.

A Moscou, le porte-parole du président Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, a justifié samedi l’intervention militaire russe en Syrie, soulignant dans un entretien avec la chaîne publique Rossia-1 la nécessité de « libérer » ce pays des djihadistes, tout en maintenant Bachar al-Assad au pouvoir.

L’échec de l’évacuation

Terminée à 19 heures samedi, la trêve n’a pas permis aux Nations unies d’évacuer les 200 blessés bloqués dans les quartiers Est assiégés depuis juillet par Damas et ses alliés, qui avaient besoin de sortir d’urgence. L’ONU, qui avait réclamé une prolongation du cessez-le-feu jusqu’à lundi, a évoqué des conditions de sécurité insuffisantes.

Par ailleurs, les huit corridors, établis par la Russie pour permettre aux habitants et aux rebelles de quitter les quartiers Est, sont restés déserts. « Personne n’est sorti par les couloirs », a confirmé le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

Les autorités russes et les médias étatiques syriens ont accusé les rebelles d’avoir empêché toute sortie, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov assurant que les combattants avaient recours « aux menaces, au chantage et à la force brute » pour bloquer les couloirs.

Des attaques à l’arme chimique

A New York, le conseil de sécurité des Nations unies avait reçu vendredi un rapport confidentiel concluant que l’armée syrienne avait mené une nouvelle attaque à l’arme chimique, sans doute au chlore, à Qminas, dans la province d’Idlib, contrôlée par les rebelles, le 16 mars 2015.

Au total, sur les neuf attaques chimiques présumées étudiées par les experts onusiens, trois ont été attribuées au régime syrien et une au groupe djihadiste Etat islamique, au gaz moutarde, à Marea, près d’Alep, en août 2015.

Le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, a réclamé samedi l’adoption au Conseil de sécurité d’une résolution condamnant l’usage d’armes chimiques en Syrie et prévoyant des « sanctions » contre les auteurs de ces actes « inhumains ». La Maison Blanche, tout en condamnant « dans les termes les plus forts » le recours aux armes chimiques, a dénoncé le « mépris » du régime syrien pour les règles internationales sur leur interdiction.