Manuel Valls et Jean-Christophe Cambadélis, à Tours, samedi 22 octobre 2016. | JEAN CLAUDE COUTAUSSE / FRENCHPOLITICS / POUR LE MONDE

Cela s’appelle marcher sur une ligne de crête. Persuadé que François Hollande ne pourra pas se présenter à l’élection présidentielle de 2017, après la parution d’Un président ne devrait pas dire ça… de Gérard Davet et Fabrice Lhomme (Stock, 672 p., 24,50 €), Manuel Valls tente de s’imposer comme la seule alternative à gauche. Mais il doit pour cela se poser en rassembleur, une posture a priori contre nature pour le premier ministre.

Du coup, l’hôte de Matignon multiplie les gestes, alors que les rumeurs d’une candidature de Ségolène Royal enflent chez les socialistes. Invité à clôturer l’Université de l’engagement du PS à Tours, samedi 22 octobre, M. Valls a ainsi tenté de rassurer les électeurs traditionnels de la gauche. Les syndicats ? « L’histoire de la gauche se confond avec celle du mouvement syndical », a vanté le premier ministre. Les fonctionnaires ? « Notre fonction publique, c’est la colonne vertébrale de notre nation, le modèle français, soyons en fiers ! » Les migrants ? « C’est l’honneur de la France d’accueillir ceux qui fuient la guerre et les persécutions. »

« Je demande à Arnaud [Montebourg], Emmanuel [Macron], Benoît [Hamon], Aurélie [Filippetti] : qu’est-ce qui nous sépare ? », s’est ensuite avancé M. Valls, assurant que « [s]on rôle, c’est de rassembler ». « Bien sûr, je connais nos débats et nos désaccords, et il faut les assumer. Mais qu’est-ce qui nous rapproche d’abord ? D’avoir gouverné ensemble dans l’intérêt du pays et de partager des combats pour l’égalité et des valeurs, celles de la République », a ajouté le chef du gouvernement, qui aimerait éviter un passage par la primaire si François Hollande devait renoncer.

« Opération de com’  »

En février, lors d’une réunion publique à Corbeil-Essonnes (Essonne), le premier ministre avait pourtant estimé que « parfois, il y a des positions irréconciliables à gauche et il faut l’assumer ». Alors en pleine bataille sur la loi travail, M. Valls avait également marqué sa préférence pour « une France innovante, qui regarde l’avenir avec confiance », plutôt qu’« une France figée, congelée dans un modèle social qu’elle aura tellement sanctuarisé qu’elle n’aura pas pu le sauver ».

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Sans surprise, l’appel à l’unité de M. Valls a d’ailleurs récolté davantage de scepticisme que d’adhésion. « Je ne suis pas là pour me rallier à qui que ce soit, a réagi Benoît Hamon sur le plateau de “Punchline”, l’émission politique dominicale de la chaîne C8. Je ne me rassemble pas avec les gens juste pour l’exercice du pouvoir. (…) Ce qui doit rassembler, l’essentiel, c’est que la gauche devrait améliorer la vie des gens. »

« C’est une primaire sincère qui permettra le rassemblement, pas une opération de com’ sur le mode “Embrassons-nous, Folleville” », a aussi réagi samedi sur Twitter François Kalfon, le bras droit d’Arnaud Montebourg. Quant à Emmanuel Macron, son entourage indiquait dimanche soir qu’il répondrait à son ex-chef de gouvernement mercredi, lors de la présentation de l’organigramme de son mouvement En marche ! Pas sûr que ce soit pour accourir comme Charlemagne au son du cor de Roland à Roncevaux.