Simone Gbagbo s’entretient avec l’un de ses avocats lors de son procès à Abidjan, le 10 octobre 2016. | SIA KAMBOU / AFP

Les avocats de Simone Gbagbo, épouse de l’ex-président de la République de Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo, accusée de crimes contre l’humanité, ont suspendu leur participation au procès de leur cliente. « Nous suspendons notre participation. Le procès est biaisé, la Cour n’a pas envie d’un procès équitable », a dit avec vigueur Dohora Blédé, l’un des avocats de Mme Gbagbo.

Ils invoquent le fait que la Cour a refusé de faire témoigner des personnalités ivoiriennes qu’ils souhaitaient faire entendre telles que l’actuel président de l’Assemblée nationale, l’ancien chef de la rébellion, Guillaume Soro, l’ancien premier ministre Jeannot Kouadio Ahoussou, l’ex-ministre Charles Koffi Diby, l’ex-chef de l’armée le général Philippe Mangou, et le directeur général de la police nationale Brindou M’Bia.

« Nous constatons que nos témoins ne sont pas présents, nous demandons un délai de quatre jours pour voir ces personnes indispensables à la manifestation de la vérité » comparaître, a insisté Me Blédé.

De son côté, le parquet général, qui s’est dit « édifié par les premiers témoignages » à charge, a demandé à la cour « de passer outre » la demande de la défense.

Déjà condamnée à vingt ans de prison

La cour d’assises d’Abidjan juge Mme Gbagbo depuis le 31 mai. Elle est citée, selon l’accusation, pour son implication dans des tirs d’obus sur le marché d’Abobo, un quartier favorable à Alassane Ouattara – le rival de son mari à la présidentielle de novembre 2010 –, dans la répression sanglante des femmes d’Abobo et pour sa participation à une cellule de crise qui planifiait et organisait des attaques, à travers des milices et des forces armées proches du régime.

Ces faits ont été commis lors de la crise postélectorale de 2010-2011, qui fit plus de trois mille morts en cinq mois après le refus de M. Gbagbo de reconnaître la victoire de son rival Alassane Ouattara à la présidentielle de novembre 2010.

Simone Gbagbo comparaît alors qu’elle purge déjà une première peine de vingt ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », prononcée l’an dernier.

La Cour pénale internationale, qui juge actuellement l’ex-président Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, ex-ministre de la jeunesse, a toujours réclamé la présence de Simone Gbagbo, mais Abidjan refuse son transfèrement à La Haye.