Devant le Sénat américain, à Washington, en octobre. | MARK WILSON / AFP

A deux semaines de l’élection présidentielle américaine du 8 novembre, le marathon de la campagne aborde sa dernière ligne droite. Hillary Clinton est en position de force : elle devance désormais Donald Trump de douze points et dépasse les 50 % d’intentions de vote, selon un sondage ABC News/Washington Post, publié dimanche 23 octobre.

Pour que la victoire soit plus éclatante, Hillary Clinton s’investit donc dans la campagne sénatoriale. En plus de désigner leur président, les Américains sont en effet appelés à choisir les élus du 115e Congrès des Etats-Unis qui siégera du 3 janvier 2017 au 3 janvier 2019. Les 435 membres de la Chambre des représentants sont élus pour deux ans, le Sénat, qui compte cent sièges, est, lui, renouvelé par tiers tous les deux ans.

Cette année, trente-quatre sièges de sénateurs sont à renouveler : vingt-quatre sont actuellement aux mains des républicains et dix aux mains des démocrates. Si les démocrates veulent reprendre le contrôle du Sénat, qu’ils avaient perdu en 2014, il leur faudra remporter cinq sièges de plus que leurs dix en jeu. Les républicains disposent en effet d’une courte majorité au Sénat – 54 sièges face aux 46 du Parti démocrate.

Elections américaines : les démocrates pourraient reprendre le Sénat
34 sièges sur 100 sont en jeu lors des élections du 8 novembre. Parmi eux, 10 sièges sont actuellement démocrates et 24 républicains.
Les démocrates pourraient l'emporter dans six Etats actuellement républicains (Caroline du Nord, Illinois, Indiana, Missouri, New Hampshire, Pennsylvanie). Dans le Nevada, ils tenteront avec difficulté de garder leur siège.

Obtenir un Sénat démocrate permettrait à l’administration d’Hillary Clinton d’imposer sa politique et notamment de nommer un candidat libéral à la Cour suprême des Etats-Unis, en remplacement du juge ultraconservateur Antonin Scalia, mort en février.

Dilemmes républicains

Pour le site Web Politico, la bataille du Sénat se jouera dans une poignée d’Etats : le Nevada, la Pennsylvanie, le New Hampshire, la Caroline du Nord, le Missouri et l’Indiana, dans lesquels les candidats républicains risquent d’être entraînés par la défaite annoncée de Donald Trump.

Dans ces Etats, les candidats républicains peinent à prendre leurs distances vis-à-vis de leur représentant dans la course à la présidentielle. Dans le New Hampshire, Kelly Ayotte a soutenu de loin le magnat de l’immobilier, le présentant comme « un modèle pour les enfants », début octobre, avant de revenir sur ses propos et sur son soutien à la lumière des derniers dérapages du milliardaire à propos des femmes. En Pennsylvanie, le candidat Pat Toomey refuse de dire s’il votera pour M. Trump. Au Nevada, Joe Heck a soutenu Donald Trump jusqu’à la diffusion de l’enregistrement du candidat, avant de se rétracter… puis de se raviser, sous la pression des électeurs.

Obama et pluie de dollars

Dimanche 23 octobre, à Las Vegas (Nevada), Barack Obama s’en est d’ailleurs pris au sénateur Heck : « Je comprends que Joe Heck aimerait ne jamais avoir dit ça au sujet de Donald Trump, mais c’est enregistré. (…) On ne peut pas élire Hillary puis lui refiler un Congrès qui pratique l’immobilisme, qui n’essaiera même pas de faire quoi que ce soit. »

Pour le président américain, cette élection sonne comme une revanche : il a apporté son soutien à 150 candidats démocrates (toutes élections confondues) en lice dans vingt Etats. En 2010 et 2014, le président ne s’était pas particulièrement investi dans les élections de mi-mandat et les démocrates avaient respectivement perdu six et neuf sièges au Sénat.

En déplacement en Floride, jeudi 20 octobre, le président s’était déjà attaqué au sénateur républicain et ancien candidat à la primaire de son parti, Marco Rubio :

L’organisation de campagne d’Hillary Clinton va aussi investir 6 millions de dollars pour encourager la participation dans les Etats clés de l’Ohio, de la Floride, de la Pennsylvanie, di Nevada, de la Caroline du Nord, de l’Iowa et du New Hampshire. Elle compte aussi investir 1 million de dollars dans l’Indiana et le Missouri, Etats républicains, pour encourager notamment la participation démocrate aux élections sénatoriales et de gouverneur.

Trump tente de réagir

Donald Trump, sentant la menace, a lui aussi décidé de s’investir dans la course au Sénat. En Floride, le candidat républicain a tenté de balayer les tensions avec son parti. Le milliardaire a donc demandé à ses partisans de se mobiliser pour l’élire, mais aussi pour élire les candidats républicains au Congrès :

« Il vous reste seize jours pour rendre cela possible, mais il faut que vous alliez voter et cela veut aussi dire m’aider à faire réélire les républicains un peu partout. »

Si le pari d’Hillary Clinton et des démocrates se révèle payant, la victoire au Sénat pourrait in fine ne pas survivre aux élections de mi-mandat, tempère le Washington Post. En 2018, les sièges de vingt-cinq sénateurs démocrates ou affiliés seront à renouveler, contre seulement huit sièges chez les républicains.

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