Le Français Tony Parker des Spurs face au meilleur joueur NBA en titre, Stephen Curry, des Warriors, mardi 25 octobre. | Kyle Terada / USA Today Sports

La ligue nord-américaine de basket (NBA) a repris dans la nuit de mardi 25 à mercredi 26 octobre, avec la belle victoire du champion sortant, les Cleveland Cavaliers, face aux New York Knicks de Joakim Noah (117-88). De leur côté, les Golden State Warriors ont lourdement chuté à domicile face aux San Antonio Spurs (100-129).

Vous savez sans doute déjà que les deux franchises, les Cavaliers et Golden State, sont favorites pour se retrouver, comme depuis deux saisons, en finale en mai prochain. Vous savez sans doute aussi que les Warriors, qui ont battu au printemps le record historique de victoires en saison régulière (73), ont été renforcés par l’arrivée de Kevin Durant. Vous savez sans doute enfin que 11 Français évolueront en NBA cette saison, et que Nicolas Batum, qui a prolongé son contrat à Charlotte, est désormais le sportif français le mieux payé de l’histoire. C’est une bonne base, mais cela ne suffit pas.

Je ne trouve pas la ville de Golden State sur Google Maps. Où jouent les Warriors ?

Excellente question. Que vous n’êtes pas les seuls à vous poser.

Capture d’écran sur un célèbre moteur de recherche.

Un site américain spécialisé dans la recherche sur Internet a même entrepris de vous donner la réponse sans que vous ayez de cliquer. « Golden State » joue à Oakland, dans la baie de San Francisco.

Alors, pourquoi ne pas le dire ? Après tout, Oakland, 400 000 habitants environ, est un des ports les plus importants du pays, abrite un aéroport international et a son équipe de football américain, les Raiders : les Oakland Warriors ne dépareilleraient pas au milieu des Milwaukee Bucks ou Memphis Grizzlies.

Dans les quatre ligues sportives majeures en Amérique du Nord, c’est la seule franchise qui ne porte pas le nom d’une ville ou d’un Etat.

Les propriétaires ne l’ont jamais vraiment expliqué. Lorsque la franchise a déménagé de Philadelphie à San Francisco en 1962, elle a accolé le nom de sa nouvelle ville à « Warriors ». Mais quand, neuf ans plus tard, elle s’est installée à Oakland, elle a choisi Golden State, le surnom de l’Etat de Californie, comme si elle souhaitait inclure toute la population d’un Etat qui compte… trois autres franchises NBA (Sacramento Kings, Los Angeles Lakers et Los Angeles Clippers).

Comme si les Warriors n’étaient pas très fiers d’être installés à Oakland, ville de mauvaise réputation. D’ailleurs, leur logo représente désormais Bay Bridge, qui relie Oakland à San Francisco, une façon de dire qu’ils aimeraient bien traverser la baie. C’est ce qu’ils feront en 2018, dans un nouveau stade de l’autre côté du pont.

A cette occasion, la direction de la franchise envisage de sonder les fans sur un retour au nom éphémère de San Francisco Warriors. Ce qui ne serait pas forcément une bonne idée : Golden State Warriors est désormais un nom mondialement connu et San Francisco accueille déjà deux franchises de baseball (Giants) et football américain (49ers).

Le plus gros contrat de NBA est-il aussi le meilleur joueur ?

Le détenteur du contrat le plus lucratif de la ligue, c’est lui.

Mike Conley a le sourire. On peut le comprendre. | USA Today Sports / Reuters

Sa tête ne vous dit rien ? Normal. Mike Conley, des Memphis Grizzlies, est un bon meneur de la ligue, sans plus. Même pas le meilleur à son poste : la plupart des observateurs en placent huit devant lui dans leurs classements de pré-saison.

Il n’a jamais été retenu pour le All Star Game. Le site ESPN juge que Conley est 26e dans la hiérarchie de la ligue, SLAM le place au 32e rang. Mais tout le monde s’accorde sur un classement, incontestable : avec 153 millions de dollars sur cinq ans, soit 30,6 millions de dollars par an, soit 28 millions d’euros, soit 77 000 euros par jour, soit 53 euros la minute, Mike Conley a signé le meilleur contrat actuel en NBA. Le seul dans l’histoire, avec Michael Jordan et Kobe Bryant, à atteindre la barre des 30 millions de dollars la saison. Avec sa renégociation en août, LeBron James a fait mieux, mais sur trois saisons seulement (100 millions de dollars).

Ce n’est pas parce que Mike Conley est la future star de la NBA : il a déjà neuf saisons dans les baskets. Plutôt parce que son agent est très doué et que Mike Conley cumulait plusieurs atouts pour signer ce contrat, dans le monde mine de rien très réglementé de la NBA : une certaine longévité, un statut de joueur indispensable dans son équipe, et surtout, il s’est retrouvé en fin de contrat au bon moment.

Les nouveaux contrats de retransmission télévisée ont permis à la ligue d’augmenter considérablement la masse salariale autorisée (« salary cap »), et les franchises n’ont pas hésité à puiser dans cette manne nouvelle pour prolonger au prix fort leurs éléments clés – comme Conley aux Grizzlies, Nicolas Batum aux Charlotte Hornets ou Bradley Beal aux Washington Wizards, jamais All Star mais tous à 120 millions de dollars ou plus sur cinq ans.

Depuis l’été, le pauvre Conley – façon de parler – passe son temps à justifier son salaire astronomique. Heureusement pour lui, son record sera battu rapidement : le « salary cap » augmentera encore en 2017, raison pour laquelle plusieurs joueurs ont signé des contrats leur permettant de renégocier l’été prochain. Et LeBron James, Stephen Curry ou Kevin Durant devraient reléguer Mike Conley à un rang salarial plus conforme à son niveau sportif.

Combien de kilomètres parcourent les joueurs de NBA chaque saison ?

Les joueurs de NBA empilent les kilomètres d’une ville à l’autre, au rythme de 82 matches par saison régulière et une vingtaine en play-offs pour les finalistes.

Comme souvent, les Portland Trail Blazers, isolés dans le nord-ouest du pays, vont parcourir le plus grand nombre de kilomètres cette saison avec 56 584 miles, soit 91 063 kilomètres. C’est un peu moins que la distance parcourue annuellement par un chauffeur dit « grand routier » en France, si l’on en croit les chiffres de 2015, communiqués par le commissariat général au développement durable. A deux nuances près : les basketteurs sont dans les airs et les conditions de confort, dans un avion privé, sont plutôt à leur avantage.

La durée des vols et la fréquence des matches font que les entraînements sont peu intenses durant la saison, afin que les joueurs gardent leur jus pour les matches officiels. De manière générale, les équipes de la conférence Est voyagent beaucoup moins que celles de l’Ouest, surtout les cinq situées dans la mégalopole reliant Boston à Washington.

Les différences entre les franchises peuvent être considérables. Chose amusante, la saison passée, les deux finalistes étaient aux deux extrémités du spectre : 35 000 miles pour les Cavaliers, plus de 53 000 pour les Warriors.

Les statistiques ne suggèrent pas de lien négatif (ni positif) entre la distance parcourue et les performances. Toutefois, minimiser les trajets est l’un des objectifs du logiciel calculant le calendrier, qui a aussi bien d’autres impératifs, notamment télévisuels.

Les Cavaliers sortent de leur avion privé avec leur titre de champion, à Cleveland, 20 juin 2016. | Aaron Josefczyk / Reuters

Propriétaire d’une franchise NBA, c’est une bonne situation ?

Oh que oui ! Si personne ne s’est pressé pour devenir propriétaire du club de football le plus populaire en France, si l’on ne peut guère gagner d’argent dans le basket européen, la NBA est en ce moment un investissement sûr. Mais peu accessible.

L’ex-PDG de Microsoft Steve Ballmer a ainsi déboursé deux milliards de dollars en 2014 pour racheter les Los Angeles Clippers, l’une des plus mauvaises franchises de l’histoire, vivant dans l’ombre des Lakers. A l’époque, l’opération était décrite comme une mauvaise affaire. Plus maintenant : les droits télévisés ont été très favorablement renégociés avec ESPN et TNT, et le commissaire général de la NBA Adam Silver a revu nettement à la hausse plusieurs partenariats.

Steve Ballmer, au centre, à côté de sa femme Connie, crie lors de l’avant-match au Staples Center de Los Angeles. | KEVORK DJANSEZIAN / AFP

Résultat : la valeur moyenne des franchises a bondi, selon Forbes, de 74 % entre 2014 et 2015, puis de 13 % en 2016. Elle est évaluée à 1,25 milliard de dollars, la palme revenant aux New York Knicks. La franchise new-yorkaise, dont le dernier titre remonte à… 1973, est évaluée à trois milliards de dollars.

Au-delà de leur valeur financière, les franchises NBA gagnent toutes de l’argent, à l’exception des Brooklyn Nets, gérés de manière discutable par le milliardaire russe Mikhaïl Prokhorov. Elles bénéficient depuis 2011 d’un accord de répartition des revenus avec les joueurs considérés comme étant plutôt à leur avantage.

La liste des propriétaires de franchises NBA témoigne qu’il s’agit là d’une affaire de très, très riches, et celle des récentes reventes qu’elles sont aussi très, très rentables. Le prochain relais de croissance pour la NBA est le marché asiatique, et vice versa : l’homme d’affaires indien Vivek Radanivé a racheté les Sacramento Kings en 2013 et des investisseurs chinois sont pour la première fois entrés dans l’actionnariat d’une franchise, en rachetant cinq des Minnesota Timberwolves cet été.

Un nom prestigieux pourrait s’ajouter prochainement à la liste des actionnaires d’une franchise NBA : Barack Obama, grand amateur de basket, ne cache pas son ambition d’y investir de façon minoritaire.

Je collectionnais les cartes NBA dans les années 1990, existe-t-il encore des joueurs actifs de l’époque ?

Oui, mais il va falloir fouiller dans les piles pour en retrouver la trace : seuls cinq joueurs ayant commencé à jouer dans les années 1990 ont encore un contrat pour la saison qui s’ouvre. Il s’agit des légendes Dirk Nowitzki, Vince Carter et Paul Pierce, promotion 1998, ainsi que de Jason Terry et Metta World Peace (ex-Ron Artest), promotion 1999.

Dirk Nowitzki, défendu par Bryon Russell du Utah Jazz, lors de sa première saison en NBA, à Dallas, en février 1999. | PAUL BUCK / AFP

De ces cinq joueurs, seul Nowitzki, 38 ans et présent pour la 19e saison consécutive à Dallas, conserve un rôle majeur dans la ligue. Il était d’ailleurs encore sélectionné pour le All Star Game en 2015 et a prolongé jusqu’en 2018, ce qui portera à vingt le nombre de saisons à son actif. Comme Kobe Bryant.

« Black Mamba » s’est retiré à l’issue de la saison dernière et l’a fait savoir bruyamment, transformant la saison des pauvres Lakers en tournée d’adieu personnelle. Tim Duncan et Kevin Garnett sont partis plus discrètement, confirmant pour de bon le changement de garde. Les trois stars, qui avaient commencé entre 1995 et 1997 dans la ligue, étaient les derniers joueurs ayant connu Michael Jordan époque Chicago Bulls.

« Leurs retraites sont moins frappantes que celles, en leur temps, de Jordan, de Magic Johnson, qui étaient encore des joueurs dominants, ou même de Larry Bird, observait lundi 24 octobre dans L’Equipe le journaliste américain Sam Smith. La NBA avait alors été choquée. Là, elle continue d’évoluer, son jeu change. C’est une nouvelle ère. »

Mais avant de passer à autre chose, vous reprendrez bien neuf minutes de Tim Duncan ?

Tim Duncan - Legendary Legacy
Durée : 08:54