Bora « YellOwStaR » Kim. | PSG

Bora Kim, plus connu des amateurs de compétitions de jeu vidéo sous le pseudonyme de YellOwStaR, est un ancien champion de League of Legends, devenu directeur sportif de la toute jeune division e-sport du Paris Saint-Germain, PSG eSports, annoncée mi-octobre. A l’occasion de la Paris Games Week, il raconte à Pixels son rôle et ses ambitions pour le club, pionnier français en la matière, et récemment rejoint par l’AS Monaco.

Quel est votre rôle en tant que « directeur e-sportif » du Paris Saint-Germain ?

C’est de mener à bien le projet du club, qui est de créer une équipe de League of Legends en plus de celle de FIFA, que nous avons déjà montée. Il nous manque encore des joueurs, mais la période de transferts n’ouvre que le 23 novembre. Ensuite, il faudra recruter une équipe pour les encadrer. Elle sera constituée de coaches, d’analystes, de psychologues. Je ferai donc le lien entre la structure et le club du Paris Saint-Germain, et j’aurai ensuite à organiser leur quotidien, mettre en place un planning pour les entraînements, définir la stratégie, organiser les déplacements, les inscrire à des tournois, etc.

Quelles sont les différences avec un directeur sportif classique ?

La discipline pratiquée, tout simplement. C’est pour cela que l’on différencie bien le sport de l’e-sport. Pour le reste, ce sont deux domaines très compétitifs. Nous, on organise le quotidien des joueurs pour qu’ils se sentent bien, mais dans les deux cas, leur seul souci, c’est la performance.

Avez-vous autant de pression que peut en avoir le directeur sportif du Paris Saint-Germain, ou l’e-sport étant jeune et votre structure nouvelle, le PSG attend-il moins de vous ?

Nous représentons le Paris Saint-Germain et son image, et c’est quelque chose de très important. Non seulement nous allons avoir la pression de la performance, intégrer la ligue 1 et l’élite européenne, mais nous devons également inculquer aux joueurs les valeurs et l’identité du club. Cela peut susciter beaucoup de stress pour eux. Nous avons des performances à accomplir, mais aussi une image à porter.

Est-ce qu’il n’y a pas un risque, pour une discipline aussi jeune et à l’ascension aussi fulgurante de l’e-sport, que se forme une bulle ?

C’est vrai que l’e-sport a explosé il y a peu, il y a trois, quatre ans, avec League of Legends. J’ai la chance d’avoir commencé il y a sept ans, et d’avoir vécu cette période où l’on devait se trimballer son propre ordinateur de tournoi en tournoi. De fil en aiguille, on a été amené à se déplacer tout autour du monde, non plus seulement en France, mais en Asie, aux Etats-Unis… Tout est devenu plus professionnel. Il n’y a plus besoin de rien apporter, tout est organisé, déjà branché. Il n’y a plus qu’à dormir à l’hôtel, monter sur scène, faire le show, et se concentrer sur sa performance. Cette bulle a évolué. Ce n’est plus un jeu, mais une discipline à part entière, qui demande de l’entraînement, s’est structurée, et même professionnalisée.

Justement, il n’y a pas de risque que cela monte à la tête de joueurs devenus professionnels à un jeune âge ?

C’est vrai qu’on entre souvent dans l’e-sport vers 17 ans, ce qui est très jeune. Souvent, on vit encore chez ses parents, on joue dans sa chambre, et grâce à son talent, on peut se retrouver du jour au lendemain sur scène. Là, on apprend la vie en équipe, la colocation à une dizaine, on est amené à beaucoup communiquer, répondre à des interviews, être très suivi sur les réseaux sociaux. C’est pour ça qu’il est important d’avoir un bon encadrement pour éviter de prendre la grosse tête. Il faut éduquer, mettre en garde, inculquer les valeurs de respect et d’humilité.

L’AS Monaco a annoncé à son tour la création de sa structure d’e-sport. C’est une bonne nouvelle ?
En France, j’ai eu la chance d’intégrer le PSG, le premier club traditionnel à se lancer dans le domaine de l’e-sport. Ça ne m’étonne pas que d’autres clubs se lancent à leur tour. Ce sera intéressant de voir deux clubs classiques s’affronter sur l’e-sport, cela va créer de la rivalité, et encore plus d’intérêt pour la compétition.

Il y a des classico en football, comme le PSG-OM en football, ou de manière moins grand public, Vitality-Millenium dans les compétitions de jeu vidéo. PSG-Monaco, cela peut devenir le nouveau classico de l’e-sport ?
En e-sport, on parle de classico lorsque l’on retrouve toujours les mêmes équipes françaises à des niveaux élevés en compétition, par exemple en finale d’un tournoi national ou dans une compétition internationale. Pour PSG-Monaco, c’est encore trop tôt pour le dire…