Loin des clichés véhiculés par le film L’Auberge espagnole (qui sont parfois la réalité), Erasmus est certainement l’expérience que tout étudiant devrait vivre ! Pour ma part, après deux années à l’université de Lille-II, entre cours, soirées, averses et froid nordiques, j’ai décidé d’aller passer ma dernière année de licence de science politique à Rome, en Italie. Pourquoi cette destination ? A dire vrai, mon choix s’est fait par élimination : ma phobie administrative m’a dissuadé d’aller à Montréal, la cherté de Londres m’a fait abandonner l’idée d’y postuler et mon espagnol inexistant m’empêchait de partir à Madrid, c’est ainsi que j’en suis arrivé à Rome, où de très bons cours sont proposés en anglais.

Le Pont Angelo, à Rome | Pixabay (CC0 Public Domain)

Je ne connaissais de cette ville que de ce que j’ai pu voir dans le film La Dolce Vita et de ce que ma mère me racontait de son voyage qui date de plus de trente ans. Donc Rome comme je l’imaginais était un concentré de stéréotypes ; je me voyais déjà baguenauder autour du Colisée et de la fontaine de Trevi, déguster des pâtes sous le beau temps méditerranéen, siroter un café en terrasse dans une ambiance bohème…

Mes illusions allaient vite s’évaporer, en commençant par le chemin de combattant pour trouver un toit décent avec un minimum de confort et pas loin du centre sans devoir hypothéquer mes organes, vu la cherté des loyers (et il n’y a pas d’APL en Italie). Avoir un logement individuel à Rome est inenvisageable, même pour les Italiens, ici la colocation est la norme ! En plus, du fait de la forte demande et du manque de chambres dans la Cité éternelle, les propriétaires se permettent de fixer des conditions sélectives (et parfois illégales) pour filtrer les demandeurs : critères de nationalité, de sexe (beaucoup de colocations sont non mixtes et les meilleures offres sont réservées aux filles), de durée de location, d’âge et même d’orientation sexuelle (si, si, vérifiez par vous-même).

J’ai trouvé la chambre que j’occupe actuellement 48 heures avant mon arrivée, après des heures à éplucher des sites Internet et une centaine d’appels passés.

Après un long voyage en voiture, avion, navette puis tramway avec 52 kg de bagages et un dos endolori, je suis enfin arrivé à destination. Et là, DE-SILLU-SION ! J’ai été frappé par la grandeur de la ville, son vacarme, sa désorganisation (qui fait un peu son charme) et la façon dont les gens conduisent. Je suis passé de 500 mètres de distance entre mon logement et ma faculté à Lille, à 8,5 km à Rome. Qui dit longue distance dit souffrance de se lever trois heures avant le début des cours, pour se préparer une gamelle chaque matin et se faire piétiner dans les transports en commun. Rajoutée à cela la solitude des premiers jours, je me suis même demandé à un moment si quitter mon petit confort lillois était une bonne idée. Ces premiers ressentis n’étaient que temporaires, je n’allais pas tarder à littéralement tomber amoureux de la ville.

J’ai profité du mois de septembre pour effectuer un stage dans une entreprise culturelle internationale, puisque les cours en Italie ne commencent qu’en octobre. Outre les moqueries de mes collègues italiens sur mon accent, ce stage m’a permis de voir à quoi ressemblait le monde professionnel local et surtout de commencer à sociabiliser.

Sociabiliser ! C’est bien la mission que s’est donnée l’organisation Erasmus Student Network qui s’occupa de la semaine d’intégration des étudiants avant le début des cours. Conférence de bienvenue, soirées, aperitivo (bijou de la culture gastronomique populaire italienne), sorties culturelles, pique-niques et enfin, le meilleur pour la fin, participation au festival du vin à Marino. C’est souvent durant cette semaine-là qu’on fait les rencontres importantes pour le reste de l’année. Pour ma part, elle m’a permis de brûler les étapes et de me lier d’amitié avec des personnes que je n’aurais peut-être jamais abordées si nous n’étions pas en Erasmus. Semaine d’intégration achevée et sommeil récupéré, nous sommes maintenant prêts à affronter les longues journées de cours et la dure charge de travail, typiques du système universitaire italien. Je vous raconterai cela dans ma prochaine chronique, rendez-vous dans un mois !

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