Un employé participe aux préparations des pourparlers qui devaient se tenir à Quito, le 27 octobre 2016. | RODRIGO BUENDIA / AFP

Le président Juan Manuel Santos a décidé de suspendre le voyage à Quito (Equateur) des représentants du gouvernement colombien chargés des négociations avec l’Armée de libération nationale (ELN) – deuxième guérilla colombienne après celle des FARC –, prévu jeudi 26 octobre.

« J’ai donné des instructions à l’équipe des négociateurs de suspendre son voyage à Quito », a déclaré M. Santos, ajoutant que « l’installation formelle de la table publique [du dialogue] avec ce groupe reste retardée jusqu’à ce que soit libéré sain et sauf Odin Sanchez », l’ancien député séquestré par la guérilla.

Un peu plus tôt dans la soirée, le ministre de l’intérieur, Juan Fernando Cristo, avait dit que « si l’installation ne [pouvait] se faire aujourd’hui », le gouvernement serait « prêt à le faire [vendredi] ou samedi, ou au moment où nous avons la certitude de [s]a libération ».

« Créer un environnement favorable à la paix »

Ce dialogue qui devait être lancé ce jeudi à 17 heures (heure locale) à la Capilla del Hombre, un musée de Quito, vise à clore plus d’un demi-siècle de conflit armé avec la deuxième guérilla colombienne. Mais à quelques heures de l’ouverture des pourparlers, l’ELN n’avait toujours pas cédé à l’ultimatum de relâcher au moins un otage, l’ex-député Odin Sanchez, qui s’est livré à la guérilla en avril, en échange de son frère malade, enlevé près de trois ans auparavant.

Le thème des séquestrés de l’ELN, dont le nombre exact n’est pas connu, avait déjà gelé les pourparlers, d’abord annoncés à la fin de mars après plus de deux ans et demi d’entretiens secrets engagés en janvier 2014.

Puis, les deux parties avaient finalement fait savoir le 10 octobre que le dialogue serait ouvert le 27 et que les discussions en tant que telles se tiendraient à partir du 3 novembre, en vingt-deux sessions. La première, d’une durée de quarante-cinq jours, est prévue dans une propriété jésuite des environs de Quito.

Elles étaient aussi convenues de tout faire « pour créer un environnement favorable à la paix », l’ELN s’engageant à libérer ses otages « à commencer par deux cas avant le 27 octobre ».

Les FARC à Cuba, l’ENL en Equateur

L’ENL, qui compte quinze cents combattants, est apparue en 1964, peu après les FARC. Si son aînée est marxiste et réclame une réforme agraire, l’ELN s’inspire de la révolution cubaine et du courant catholique de la théologie de la libération, et privilégie le contrôle des ressources du pays. Quatre précédentes tentatives de dialogue avec cette guérilla ont déjà échoué depuis les années 1980.

Ces pourparlers ouvrent par ailleurs un second front pour le président Santos dans son engagement à tourner la page d’une guerre fratricide, qui a fait des centaines de milliers de morts et de disparus depuis les années 1960.

A l’origine, il devait suivre la signature d’un accord historique avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), première guérilla du pays. Mais, à la surprise générale, ce pacte a été rejeté par les Colombiens lors d’un référendum, le 2 octobre.

Le tout nouveau Prix Nobel de la paix et ses équipes se voient donc contraints de reprendre, à la fois, les discussions avec les FARC à Cuba, tout en les engageant avec l’ELN, en Equateur.