Shovel Knight, le chevalier à la pelle. | Yacht Club

Et si les prochains Minecraft, Shovel Knight, ou Undertale sortait d’abord sur Nintendo Switch, la future console de Nintendo, attendue fin mars 2017 ? C’est le doux rêve du constructeur japonais, qui a envoyé trois émissaires à Paris au salon professionnel de la Game Connection (du 26 au 28 octobre), pour ouvrir ou reprendre les discussions avec des développeurs indépendants.

Le fabriquant de la Wii U, malgré quelques exclusivités comme Nano Assault Neo ou Fast Racing Neo, le portage de Shovel Knight ou d’Axiom Verge, n’est guère connu pour ses pépites indés, et les studios le savent. La plupart manifestent un intérêt prudent pour la Switch, la prochaine console hybride de salon et portable de la marque. En cause, le mauvais souvenir du lancement de la Wii U, où les studios indés présents n’étaient pas rentrés dans leurs frais. Là où d’autres consoles mettaient au contraire en avant ces productions à petit budget mais à haute valeur créative.

« Sur la PlayStation 4, Sony a été de loin le plus réactif auprès des indépendants. Chez Microsoft, on sent qu’il y a plus de difficultés administratives. Nintendo, c’est ceux qui avaient le processus le plus long », resitue Fabien Delpiano, du studio Pastagames.

Sony a misé dès 2012 sur les indés avec sa console portable, la PS Vita, sur laquelle les ventes de jeux à grand budget se sont montrées décevantes. Le constructeur tokyoïte décide alors de remplir son catalogue en allant voir les créateurs de jeux indés à succès sur Steam, et leur propose de les aider à porter leur jeu.

Nintendo, lui, se montre à l’époque très frileux. Son processus de validation est contraignant : le développeur doit d’abord prouver que son jeu a un caractère innovant, et surtout, attendre que les différentes branches de Nintendo s’accordent dessus.

Aujourd’hui, la firme de Kyoto entend donner des signes d’ouverture. Comme un symbole, l’historique site Wario World, réservé depuis des années aux développeurs sur ses consoles, a été remplacé en 2016 par Developer.Nintendo.com, un nouveau site plus moderne, plus explicite, et qui permet désormais de rejoindre le programme d’indés sur simple inscription en ligne.

« Le constructeur se montre plus ouvert aux petits studios méconnus qu’elle ne l’était à l’époque de la Wii U », constate Pierre-Luc Vettier, de Zero Games Studio. La firme au « plombier moustachu » entend convaincre les studios de la rejoindre s’ils ont un projet qu’ils n’ont pas encore édité sur consoles concurrentes, et a fortiori s’il n’est même pas sorti sur PC. Cela concerne des jeux en dématérialisé, mais aussi des jeux physiques. Mais surtout, l’entreprise japonaise est particulièrement intéressée par les projets présentant du multijoueur à deux en local – la possibilité de jouer sur le même écran. La Switch est justement livrée avec deux manettes détachables et Nintendo entend en faire un argument commercial fort.

Nintendo ne dit pas « non » aux projets parfois sanguinolents que peuvent leur suggérer certains développeurs. En somme, la porte est entrouverte. Reste à convaincre les indés qui attendent des garanties financières, ce que le géant de Kyoto n’est pas disposé à leur fournir. Nintendo ne semble pas vouloir presser les choses et cherche à les faire rentrer plus tardivement dans la danse, plutôt à partir de fin 2017, quand l’écosystème sera plus mature et la base installée suffisante pour introduire plus de catalogue. D’ici là, la firme japonaise distribue ses kits de développement, indispensables pour concevoir un jeu pour une console, au compte-gouttes.