Le président philippin Rodrigo Duterte lors d’un déplacement au Japon le 27 octobre. | KAZUHIRO NOGI / AFP

Un maire soupçonné de trafic de drogue et ses neuf gardes du corps ont été abattus par la police philippine, ont annoncé les autorités vendredi 28 octobre. Selon un officier de la police de Mindadao, petite île de l’archipel où des milliers de personnes ont perdu la vie dans la guerre contre la drogue, les autorités voulaient fouiller le véhicule du maire, soupçonné de transporter des stupéfiants, et lui et ses hommes auraient ouvert le feu sur la police.

« Nous avions reçu des informations selon lesquelles le maire et ses hommes transportaient de la drogue donc nous avons tenté de les intercepter mais ils ont répondu en ouvrant le feu », a affirmé Bernard Tayong.

Aucun policier n’a été blessé mais un véhicule des forces de l’ordre a été criblé de balles, a ajouté l’officier, précisant que les dix hommes ont succombé à leurs blessures pendant leur transfert à l’hôpital. « C’était une opération de police légitime », a-t-il assuré.

Ces 10 morts viennent s’ajouter à la liste des milliers de victimes de la sanglante politique antidrogue du président philippin Rodrigo Duterte, élu il y a près de quatre mois après avoir promis d’éradiquer le trafic de stupéfiants dans l’archipel. Selon le dernier bilan de la police nationale, la guerre contre la drogue a fait au moins 2 300 morts en quatre mois. Début octobre, le bilan avait été relevé à 3 400 morts, avant d’être révisé.

Une guerre contre la drogue contestée

Depuis son élection, le président a encouragé les policiers à abattre les trafiquants et consommateurs de drogues, promettant notamment de bloquer les poursuites dont les officiers pourraient faire l’objet.

La police philippine a récemment décidé de réorienter la lutte antidrogue, en ciblant plus particulièrement les responsables politiques, militaires et autres personnalités mêlées au trafic. Cette nouvelle politique est supposée faire la part belle aux arrestations.

La politique du président Duterte, qui reste extrêmement populaire dans les sondages, inquiète la communauté internationale, et l’Union européenne comme l’Organisation des nations unies (ONU) et les États-Unis (principaux alliés des Philippines) se sont exprimés. Mais le président Duterte s’est fendu de saillies diplomatiques particulièrement violentes, en traitant par exemple l’ambassadeur américain de « fils de pute ».