Birgitta Jonsdottir, cofondatrice du Parti pirate islandais, au « off » du Monde Festival, à Paris. | Agnes Dherbeys pour "Le Monde"

C’est un cas unique dans le monde : en Islande, où des élections législatives se déroulent samedi 29 octobre, la star de la campagne a été le Parti pirate. La déclinaison islandaise de ce mouvement politique international, qui prône le libre-échange d’informations et la démocratie participative, récolte autour de 20 % des intentions de vote dans les sondages. Si ces derniers se confirment, elle devrait arriver en deuxième position, juste derrière le Parti de l’indépendance (conservateur), actuellement au pouvoir – une position de force pour monter une coalition de gauche.

Ailleurs en Europe, des déclinaisons locales de ce parti, résolument internationaliste, ont connu d’éphémères succès, notamment en Allemagne et en Europe du Nord. Mais c’est la première fois qu’un parti pirate est en position de diriger un pays. Tour d’horizon des principales mesures défendues par les pirates islandais.

  • Une nouvelle Constitution

C’est un prérequis pour les pirates : l’adoption du projet de nouvelle Constitution, validé par référendum en 2012, pour « mettre à jour la structure du gouvernement, obsolète ». Outre l’ajout de clauses sur la protection des droits de l’homme, ce texte dit notamment que les ressources naturelles de l’île, où la pêche et l’exploitation du sous-sol sont des clés de l’économie, sont des propriétés inaliénables de l’Etat.

  • Environnement

Le Parti pirate défend également une politique environnementale comprenant une réforme des quotas de pêche, la défense du développement durable et la taxation accrue des industries qui utilisent les ressources naturelles.

  • Fiscalité

Pour financer leur programme, et notamment la coûteuse réforme du système de santé, les pirates islandais comptent réformer largement le système fiscal. Au-delà des taxes sur l’utilisation des ressources naturelles, ils comptent adopter un système de taxation plus proportionnel et mener une vaste campagne de lutte contre l’évasion fiscale.

Dans un pays lourdement marqué par la chute de son système bancaire en 2008 et les multiples fraudes commises par les dirigeants des principales banques du pays, ainsi que par les révélations sur les comptes extraterritoriaux de son premier ministre dans les « Panama papers », la question de la corruption et de l’éthique joue un rôle central. Le Parti pirate promet une transparence totale de l’administration et un renforcement du régulateur de la concurrence.

  • Economie

Dans le secteur privé, les pirates islandais défendent surtout une plus grande liberté individuelle, sans mesures phares.

  • Santé

Le parti propose la gratuité totale des soins et des médicaments, y compris les soins dentaires et psychiatriques. Il promet aussi un renforcement des moyens pour les travailleurs de la santé. Il défend une approche dépénalisée de l’addiction, mettant l’accent sur les soins et non sur la répression.

  • Droits de l’homme

Outre la création d’une commission de contrôle des activités de la police, le parti veut élargir la liberté de la presse – plusieurs mesures en ce sens ont déjà été prises sous de précédentes majorités. Pour défendre le « droit à la vie privée, en ligne et hors ligne », il souhaite abolir les lois qui permettent au gouvernement et aux entreprises privées de collecter et de stocker des informations personnelles sur Internet. Le parti prévoit de faire de l’Islande « un pionnier mondial dans la protection de l’information, de la liberté d’expression et de la liberté de la presse ».

  • Démocratie participative

Dans la nouvelle Constitution soutenue par le Parti pirate, les citoyens islandais peuvent proposer de nouvelles lois et mettre leur veto à un projet de loi. Le parti propose également de multiplier l’implication des citoyens dans l’élaboration des textes, en recourant notamment à Internet pour améliorer la participation.

  • International

Le Parti pirate souhaite organiser un référendum, déjà évoqué à plusieurs reprises, sur la poursuite des discussions en vue de l’adhésion du pays à l’Union européenne.

Birgitta Jonsdottir : « Si je suis en position d’être première ministre, je répondrai “non, merci” »
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