Une militante du candidat prorusse, leader du Parti des socialistes, Igor Dodon, à Chisinau, le 28 octobre. | DANIEL MIHAILESCU / AFP

Les Moldaves se rendent aux urnes dimanche 30 octobre pour la première élection présidentielle au suffrage universel depuis 1997. Le scrutin s’annonce serré. Il met aux prises les partisans d’un rapprochement avec la Russie et les défenseurs d’une intégration à l’Union européenne.

Ce pays de 3,5 millions d’habitants, enclavé entre la Roumanie et l’Ukraine, avait été ébranlé par une profonde crise politique après la découverte en 2015 d’une gigantesque fraude bancaire. Le chef de l’Etat sera à nouveau élu au suffrage universel à la suite d’une décision rendue en mars par la Cour constitutionnelle.

L’élection consiste essentiellement en une opposition entre les forces proeuropéennes au pouvoir et l’opposition prorusse dont le chef de file, le leader du Parti des socialistes (PS) Igor Dodon, est donné favori pour remporter le premier tour.

« Partenariat stratégique avec la Russie »

Ancien ministre de l’économie dans un gouvernement dirigé par des communistes, cet homme de 41 ans promet de « rétablir un partenariat stratégique avec la Russie » et d’œuvrer pour « annuler le volet économique de l’accord d’association avec l’UE », signé en 2014 par les autorités proeuropéennes.

Cette démarche avait provoqué la colère de Moscou, qui a aussitôt imposé un embargo sur les fruits et la viande moldaves, pénalisant une population vivant principalement de l’agriculture.

Sa principale concurrente dans la course à la présidence sera Maia Sandu, 44 ans. Candidate de l’opposition de centre-droit, cette ex-ministre de l’éducation qui a travaillé pour la Banque mondiale promet une « Moldavie européenne ».

Colère

La Moldavie est l’un des pays les plus pauvres d’Europe, 41 % de sa population vivant avec cinq dollars par jour selon la Banque mondiale. En 2015, la découverte de la disparition d’un milliard de dollars des caisses de trois banques du pays, soit l’équivalent de 15 % du produit intérieur brut (PIB), avait provoqué d’énormes manifestations réunissant aussi bien proeuropéens que prorusses, issus de forces de droite comme de gauche.

Depuis, trois gouvernements se sont succédé sans calmer la colère des Moldaves, qui jugent leur classe politique largement corrompue.

La commission électorale centrale moldave a assuré que la bonne tenue du vote serait surveillée de près, près de 3 200 observateurs moldaves et 562 étrangers étant déployés dans les presque 2 000 bureaux de votes ouverts dans le pays.