Novak Djokovic, le 8 novembre 2015 à Bercy. | FRANCK FIFE / AFP

Décidément, Guy Forget vit une année 2016 pénible. Son premier Roland-Garros en tant que directeur du tournoi, au printemps, avait été particulièrement chaotique, entre la pluie incessante et la cascade de forfaits (ou d’abandons) majeurs. Le tournoi de Bercy, qui débute lundi 31 octobre, et dont Forget est également directeur, évitera les intempéries en sa qualité de seul Masters 1000 indoor, mais a déjà subi de lourdes défections.

Trois acteurs principaux du tennis d’aujourd’hui manqueront à l’appel, en raison de divers pépins physiques : Gaël Monfils, Rafael Nadal et Roger Federer. On déplorera également l’absence de l’Argentin Juan Martin Del Potro (meilleur come-back de l’année, pas assez bien classé, et qui a épuisé son quota de wild-cards) et celle de l’Allemand Alexander Zverev (meilleur espoir, qui a décidé de zapper Paris). Mais on ne se privera pas pour autant de jeter un œil au spectacle du dernier Masters 1000 de la saison. Pourquoi ?

Parce que Novak Djokovic va peut-être enfin laisser les autres gagner. Vainqueur à Bercy l’année dernière, et aussi celle d’avant, et aussi celle d’encore avant (et aussi en 2009), le Serbe n’est pas arrivé à Paris dans la peau du favori. Depuis son triomphe à Roland-Garros, le numéro 1 mondial a disparu au troisième tour de Wimbledon et au premier des Jeux olympiques ; il n’a remporté que le Masters 1000 de Toronto, a perdu en finale de l’US Open ; il reste sur une défaite en demi-finales à Shanghaï face à Roberto Bautista Agut et a exprimé à plusieurs reprises un certain vague à l’âme : « Je ne ressens plus cette joie intérieure de jouer. » « Djoko » n’est pas dans son assiette. A Andy Murray d’en profiter.

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Parce que la couronne de numéro 1 mondial peut changer de tête. Encore inimaginable il y a quelques mois, la perspective ne l’est plus du tout : si Murray gagne sa finale à Vienne face à Jo-Wilfried Tsonga ce dimanche (14 heures), puis le tournoi de Bercy dimanche prochain, cependant que Djokovic s’arrête avant la finale à Paris, alors le premier chipera au second la place de numéro 1 mondial. A condition d’écarter les autres périls – bon courage à Lucas Pouille, qui le retrouvera, a priori, en huitièmes de finale –, Andy Murray ne sera peut-être bientôt plus « le-meilleur-joueur-de-l’histoire-à-n’avoir-jamais-été-numéro 1-mondial ».

Bercy 2015. On parie que, cette année, on peut refaire la même photo, en changeant simplement les trophées de mains. | MIGUEL MEDINA / AFP

Parce qu’il reste deux places à prendre pour le Masters de Londres, où l’on est déjà sûr de retrouver, du 13 au 20 novembre, Djokovic, Murray, Wawrinka, Raonic, Nishikori et Monfils – une grande première pour le Français de 30 ans. Sont candidats à l’un des deux ultimes billets pour le bouquet final de la saison : Dominic Thiem, Tomas Berdych, David Goffin, Marin Cilic, Roberto Bautista Agut, Jo-Wilfried Tsonga, Lucas Pouille et Grigor Dimitrov. Comme chaque année, ce suspense, autant que celui concernant l’identité du vainqueur final, constitue l’atout principal du tournoi de Bercy.

Parce qu’on va avoir un avant-goût de Japon-France, premier tour de la Coupe Davis 2017 que les Bleus iront jouer à Tokyo au début de février. Le prologue de cette confrontation opposera Kei Nishikori à Jo-Wilfried Tsonga en huitièmes de finale, si le premier élimine, au tour précédent, le vainqueur du duel Troicki-Mannarino, et que le second fait de même avec le vainqueur du match Ramos-Robert.

Parce que Stéphane Robert, justement, foulera le sol de Bercy pour la première fois de sa carrière, à 36 ans. Et c’est toujours un plaisir de voir ce joueur pas comme les autres, qui a bénéficié d’une wild-card de la part de l’organisation alors qu’il a intégré il y a une semaine le top 50 de l’ATP pour la première fois de sa vie.

Parce que Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert vont remporter le tournoi de double (oui, Bercy propose aussi un tournoi de double, et Novak Djokovic va d’ailleurs y prendre part, aux côtés de son compatriote Nenad Zimonjic – la paire pourrait affronter les frères Bryan en huitièmes de finale).

• Le tableau du tournoi de double

Parce que le tunnel hexagonal lumineux interdit aux épileptiques, par lequel les joueurs entrent sur le court, est toujours aussi réjouissant.

Avec l’émergence de Lucas Pouille et le retour de Yannick Noah comme capitaine des Bleus, la conception du couloir hexagonal du tournoi de Bercy est sans doute ce qui est arrivé de mieux au tennis français ces dernières années. | FRANCK FIFE / AFP

Parce que l’opération « Aces du cœur » va donner un peu de sens aux aces pendant le tournoi : à chaque fois qu’il en sera réussi un, 10 euros seront mis de côté dans une cagnotte afin de financer un bout de la rénovation de l’hôpital Robert-Debré (19e arrondissement). Les aces de Karlovic, Isner, Raonic et Murray rapporteront 20 euros. Une somme de quelque 30 000 euros est espérée. A part ça, la dotation globale du tournoi s’élève cette année à 3 748 925 € (dont 746 550 pour le vainqueur). En 2011, elle était de 2 227 500 €. La somme que se partagent les joueurs a gonflé de plus de 1,5 million en cinq ans. De quoi construire un bel hôpital.