Une biographie ne ressuscite pas son sujet, mais elle laisse un souvenir. Pour près d’un million de yens (8 800 euros), il est possible de la faire rédiger par un journaliste professionnel. Tel est le genre de services à découvrir à la Shukatsu Fesuta, salon japonais axé sur la préparation de sa disparition.

Organisée chaque mois de septembre depuis 2014 à Tokyo, cette manifestation, qui montre que la mort n’est plus forcément du domaine du non-dit, attire une cinquantaine d’entreprises et près de 5 000 visiteurs. Elle témoigne du développement des services aux personnes âgées dans l’Archipel.

Un marché de 880 milliards d’euros

Un tiers des Japonais auront plus de 65 ans en 2030, contre un quart aujourd’hui. Les dépenses de soins représentent, selon l’OCDE, 16,3 % du PIB nippon, contre 10,6 % en moyenne au sein de l’organisation. Le marché de la consommation des seniors au Japon dépasse les 100 000 milliards de yens (880 milliards d’euros).

Le gouvernement pousse à l’innovation destinée à cette population. Il a beaucoup été question du vieillissement lors du Forum mondial sur le sport et la culture, organisé du 20 au 22 octobre à Tokyo. La rencontre s’est notamment traduite par des discussions sur le handicap et la société de demain.

Les participants ont abordé la notion de « barrier free », un concept désignant tout ce qui est fait pour faciliter l’accès aux personnes à mobilité réduite. Le Japon s’y intéresse pour les Jeux paralympiques qui suivront les Jeux olympiques de Tokyo de 2020, avec l’idée d’accélérer l’adaptation de la capitale, pour les transports notamment, à sa population grisonnante, et de créer des modèles d’exportation, considérant que le vieillissement est un phénomène qui concerne de plus en plus de pays. Il souhaite ainsi porter à 20 %, d’ici à 2030, la part des véhicules entièrement automatisés en circulation dans l’Archipel.

Plus spécifiquement, et réticent à l’idée de recourir à l’immigration, le gouvernement soutient particulièrement la robotique. Début octobre, Toyota a dévoilé Kirobo Mini, un petit robot dont le but « est de créer un lien émotionnel », selon son concepteur Fuminori Kataoka, notamment avec les personnes âgées. Kirobo Mini est un nouveau modèle de « compagnon », comme le fut Paro, une machine en forme de bébé phoque, mise au point par Intelligent System et utilisée pour les soins aux personnes atteintes de sénilité.

Plus à l’aise avec des robots

Panasonic a créé un lit pouvant se transformer en fauteuil roulant, qui est le premier robot à avoir obtenu l’homologation à la norme ISO13482, créée en 2014 pour ces machines. RT Works, filiale du géant de l’électronique Fujitsu, a développé un appareillage d’aide à la marche, RT.2, proposé à 246 000 yens (2 200 euros).

Selon un sondage réalisé en 2015 par la société de services financiers Orix auprès de Japonais de plus de 40 ans, environ 80 % des personnes interrogées accueillent positivement le fait d’avoir des robots prenant soin d’elles. Elles se disent même plus à l’aise qu’en présence d’humains.

Au-delà des soins, et suivant les appels du gouvernement soucieux de lutter contre la pénurie de main-d’œuvre, l’agence d’intérim Koreisha propose des emplois à des personnes jusqu’à 75 ans.

Et parce que l’amour ne connaît pas les limites d’âge, les services de rencontres pour personnes âgées se développent. « Nous organisons trois ou quatre événements par mois, qui rassemblent au total 300 à 360 personnes, explique sur le site du Sanko Club son créateur, Shizuka Koshikawa. Chaque année, il y a une soixantaine de mariages. »