Un convoi de voitures de police, Mirabel, au Quebec, le 8 juin 2012. | ROGERIO BARBOSA / AFP

Pendant plusieurs mois, Patrick Lagacé, journaliste au quotidien La Presse a été pisté par la police de Montréal. Grâce à vingt-quatre mandats de surveillance, émis depuis le début de l’année avec l’accord d’un juge, la police a eu accès aux SMS reçus et émis, obtenu tous les numéros entrants et sortants de son téléphone, et suivi tous ses déplacements grâce à sa carte SIM, écrivait lundi 31 octobre, le journal qui l’emploie.

Cela « constitue une attaque sans équivoque contre l’institution qu’est La Presse et contre toute la profession journalistique », écrit son directeur, Eric Trottier. « Au Canada, les corps de police semblent tout simplement faire fi des règles fondamentales » de la protection du travail des journalistes, a-t-il ajouté, réclamant de « mettre un terme à ce qui a toutes les allures d’une véritable chasse aux sources journalistiques ».

Le responsable des affaires internes de la police de Montréal, muté depuis, a reconnu cette surveillance et la filature du journaliste. Sans « minimiser » l’affaire, ce policier, Costa Labos, s’est justifié : « Je comprends que certaines personnes peuvent avoir été offusquées ou dérangées par le fait que leur téléphone ait été [l’objet de surveillance], mais il faut faire notre travail », a-t-il déclaré à La Presse.

« Une société libre et démocratique »

La police de Montréal a cherché à savoir quelle source interne renseignait le journaliste sur des enquêtes en cours.

« Préoccupée », la ministre de la justice québécoise, Stéphanie Vallée, a rappelé lundi « l’importance de la liberté de la presse dans une société libre et démocratique ».

Le maire de Montréal, Denis Coderre, responsable de la police de la ville, a défendu la liberté de la presse sans vouloir toutefois « s’immiscer dans les opérations policières » et dans le travail d’enquête sur une affaire qu’il juge « inacceptable ».

« Etes-vous journaliste ? La police vous espionnant directement pour identifier vos sources, ce n’est pas qu’une hypothèse », a posté lundi sur son compte Twitter le lanceur d’alerte Edward Snowden, ancien consultant de l’agence de sécurité américaine NSA.