Des soldats de l’opération Sangaris, en patrouille dans le district musulman PK 5 à Bangui, la capitale de Centrafrique. | ISSOUF SANOGO / AFP

La France a officialisé, lundi 31 octobre, la fin de trois ans d’opération militaire en Centrafrique, laissant un pays dans l’angoisse, désormais sous la seule protection des casques bleus des Nations unies, faute d’un Etat et d’une armée capable de résister aux groupes armés. L’opération « Sangaris », lancée en décembre 2013, a compté jusqu’à 2 000 soldats dans ses rangs.

Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, arrivé dimanche à Bangui, la capitale centrafricaine, a estimé lundi lors d’une cérémonie officielle que « “Sangaris” a rempli sa mission ». « Vous aviez trois missions : mettre fin au chaos, accompagner les forces internationales et permettre la tenue d’élections. Ces trois missions sont remplies, personne ne peut le contester. »

Pour autant, « ce n’est pas parce que l’opération “Sangaris” s’achève que la France abandonne la Centrafrique », a-t-il assuré. La France maintiendra « une force de réserve tactique de 350 soldats » au sein de la Mission des Nations unies, la Minusca, dont les 12 500 hommes sont désormais seuls en première ligne pour assurer la sécurité des civils centrafricains.

« Le départ de “Sangaris” est pour nous, disons-le franchement, une source d’inquiétude », a pour sa part déclaré lundi le président de l’Assemblée nationale centrafricaine. « “Sangaris” se retire beaucoup trop tôt, a renchéri Anicet Georges Dologuélé, député centrafricain et ancien candidat à l’élection présidentielle. Nos forces de sécurité ne sont pas en mesure de prendre le relais. Les forces onusiennes sont de plus en plus débordées dans leur rôle de pompiers. »

Interrogé sur ces inquiétudes, M. Le Drian a rappelé que la mission « Sangaris » avait vocation à être éphémère et a appelé à renforcer les outils de sécurité intérieure. Si la situation de la Centrafrique n’a plus rien à avoir avec celle qualifiée de « prégénocidaire » de 2013, le pays est toujours en proie à des flambées de violences. Vingt-cinq personnes ont encore été tuées vendredi dans des violences déclenchées par des groupes armés à Bambari et ses environs, au nord-est de la capitale Bangui, selon la Minusca.