Un nouveau géant mondial est né dans le secteur de l’énergie. Le conglomérat industriel américain General Electric (GE) a annoncé, lundi 31 octobre, la fusion de ses activités dans les technologies et services au secteur pétrolier et gazier avec son compatriote Baker Hughes. GE apportera ses activités dans le « oil and gas » à Baker Hughes et versera un dividende exceptionnel de 7,4 milliards de dollars (6,8 milliards d’euros) aux actionnaires de la compagnie de Houston (Texas). La nouvelle entité réalisera un chiffre d’affaires annuel de 32 milliards de dollars.

Au terme de cette opération, qui doit encore recevoir le feu vert des actionnaires de Baker Hughes et celui des autorités de la concurrence, GE contrôlera la nouvelle entreprise avec 62,5 % du capital. Le solde reste aux mains des actionnaires de Baker Hughes. Dénommée « Baker Hughes, a GE company » (« une entreprise de GE »), elle sera cotée à la Bourse de New York et dirigée par Lorenzo Simonelli, le patron de la filiale pétrole et gaz de GE, avec deux sièges, à Houston et Londres.

Pourquoi cette opération, la plus importante pour GE avec le rachat des turbines d’Alstom Energy en 2015 ?

« Les clients pétrole et énergie demandent des solutions plus productives, a commenté Jeffrey R. Immelt, PDG de GE, dans un communiqué. Cela ne peut aboutir qu’à travers l’innovation technique et une bonne exécution [des projets], les marques de fabrique de GE et Baker Hughes. »

Ainsi GE prévoit-il des synergies de coûts de l’ordre de 1,6 milliard de dollars d’ici à 2020.

« Une crise financière sans précédent »

Ce sont les compagnies pétrolières qui demandent à leurs fournisseurs des gains de productivité et des devis moins salés qu’à l’époque du baril à 100 dollars. «  Aujourd’hui, l’industrie de l’exploration-production est confrontée à une crise financière sans précédent, avec une rentabilité et des “cash-flows” à des niveaux insoutenables pour la plupart des producteurs de pétrole et de gaz, ce qui a entraîné une situation aussi dramatique pour l’industrie des services », analysait, en mars, le PDG de Schlumberger, Paal Kibsgaard.

GE et Baker Hughes disent vouloir marier leurs compétences respectives : en plein recentrage sur ses fondamentaux industriels (moteurs d’avion, turbines à gaz, matériels médicaux…), GE fournira des « solutions numériques, de l’expertise industrielle et de la technologie » ; Baker Hughes apportera « sa réputation sans faille dans le secteur des services pour puits et plates-formes de pétrole », indique le conglomérat de Boston.

Les fusions se poursuivent

Cette acquisition intervient au moment où de nombreux experts jugent que les marchés pétroliers ont touché le fond. Les compagnies ont massivement réduit leurs investissements dans l’exploration-production d’hydrocarbures en 2015 et en 2016, mais elles devraient progressivement les relancer pour financer de nouveaux projets et éviter que le monde ne vienne à manquer de pétrole et de gaz au début des années 2020.

GE était un acteur relativement modeste dans le « oil and gas ». M. Immelt a profité de l’échec récent du mariage des numéros deux et trois mondiaux du secteur parapétrolier, Halliburton et Baker Hughes. L’opération avait été bloquée par le département américain de la justice au motif que le nouveau numéro un mondial – devant le franco-américain Schlumberger – faisait peser un risque pour la concurrence.

Les fusions se poursuivent donc dans le secteur des équipements et services parapétroliers. Schlumberger a consolidé son rang, en finalisant, début avril, l’acquisition de son concurrent Cameron International pour 14,8 milliards de dollars. Un mois plus tard, le français Technip annonçait son mariage avec l’américain FMC Technologies. La nouvelle société, dénommée TechnipFMC, affichera un chiffre d’affaires de l’ordre de 20 milliards de dollars.