Vignes autour de l’école primaire de Villeneuve-de-Blaye, en Gironde. | GEORGES GOBET / AFP

Deux châteaux viticoles du Bordelais ont été mis en examen le 17 octobre pour des épandages dans une commune de Gironde, qui avaient provoqué en 2014 des malaises et des nausées dans une école voisine. Les domaines d’appellation côtes de Bourg, Château Escalette et Château Castel La Rose, ont été mis en examen pour « usage inapproprié de produits phytopharmaceutiques », dans le cadre d’une information judiciaire ouverte fin 2015 par le parquet de Libourne, selon une source proche du dossier, précisant une information du quotidien Sud Ouest.

En mai 2014, une vingtaine d’enfants et une enseignante d’une école primaire de Villeneuve-de-Blaye avaient été pris de malaises, ou s’étaient plaints de picotements aux yeux et de maux de gorge, à la suite de l’épandage de fongicides sur des vignes proches. Ils avaient été confinés dans les locaux scolaires et l’agence régionale de santé avait été alertée.

Une enquête administrative avait établi que les produits utilisés ce jour-là étaient autorisés, régulièrement utilisés en viticulture, mais suggérait que l’épandage « à proximité de l’école s’est déroulé dans des conditions inappropriées sans qu’aient été prises toutes les précautions pour le voisinage ». Deux domaines, l’un certifié bio, l’autre conventionnel, avaient traité ce jour-là sur leurs parcelles.

« Conflit d’usage »

Après avoir initialement classé l’affaire sans suite, la justice avait ouvert une information judiciaire contre X..., après plainte d’une fédération d’associations de défense de l’environnement du Sud-Ouest, la Sepanso, qui s’est constitutée partie civile, suivie par l’association Générations futures, qui lutte contre le recours aux pesticides dans l’agriculture.

Le vent et le dépassement de la surface – deux notions-clés dans l’usage de pesticides – seraient au cœur du dossier, davantage que la nature des produits utilisés sur les deux exploitations, autorisés avec des mises en garde sur un risque de nocivité. « On ne poursuit pas la viticulture, on poursuit ses excès », a souligné François Ruffié, avocat de la Sepanso, pour qui il s’agit surtout d’un « conflit d’usage », de non-respect d’un code rural « qui est d’ailleurs bien fait » s’agissant des pesticides.

Le 27 octobre, le premier ministre, Manuel Valls, avait indiqué que le futur arrêté en préparation réglementant l’usage des pesticides sera « pour l’essentiel » celui de 2006, retoqué sur la forme par le Conseil d’Etat, mais avec des portes ouvertes à des précautions nouvelles, liées à la technologie et aux pratiques.