« Owl Boy » sur fond bleu. | Capture d'écran

FIFA contre PES ? Call of Duty contre Battlefield ? N’en jetez plus. La vraie compétition qui anime le jeu vidéo depuis dix ans, c’est celle entre The Last Guardian et Owlboy, les deux jeux en développement depuis le plus longtemps. Une sorte de course au ralenti à laquelle s’adonnent ces deux jeux en développement depuis 2007, comme pour tenter de déterminer celui qui sera le plus en retard. Cette rivalité d’escargots a enfin son vainqueur.

Car si The Last Guardian s’est vu décaler in extremis au mois de décembre à la faveur d’un ultime report, Owlboy, lui, est enfin disponible : après quasiment dix ans, le jeu indé le plus attendu du monde est enfin sorti sur Windows, mardi 1er novembre.

Le plus dur commence : le juger à l’aune de ses qualités propres plutôt qu’à celle de la légende de son développement rocambolesque. D’autant qu’Owlboy est quasiment un jeu hommage, un exercice de style. Si, graphiquement, il a plus à voir avec la Neo Geo, l’ancienne « Roll’s Royce » des consoles en 2D, qu’avec la Super Nintendo, il reprend très largement les codes des titres cultes de cette dernière.

Un monde à la dérive

On découvre Otus alors qu’il est encore à l’école des garçons-hiboux. Plus jeune représentant d’une race sur le déclin, notre héros porte sur ses épaules tout le poids de l’héritage de son peuple et surtout, celui de l’attente de ses pairs.

L’histoire commence ainsi par l’humiliante leçon d’un professeur sévère qui, tout le long de l’aventure, ne voudra pas voir que son protégé est en train de sauver le monde. Car c’est bien la mission qui incombe à Otus : empêcher les terribles pirates mécaniques, anciens esclaves devenus bourreaux, de mettre la main sur les reliques qui signeraient la fin d’un monde déjà à l’agonie.

Owlboy Trailer - Release NOV 1st 2016
Durée : 01:47

Le monde d’Otus a en effet connu des jours meilleurs. Le plancher des vaches y a cédé le pas à des îlots volants au hasard dans les cieux. Otus, heureusement, a des ailes, grâce auxquelles il peut se déplacer dans ce monde post-apocalyptique et aérien mais, aussi, se battre. Seul, il vole, tournoie, roule, s’attaque aux adversaires les plus faibles mais se retrouve vite limité.

Son pouvoir le plus utile est encore celui de l’amitié : grâce aux compagnons qu’il va rencontrer et, bientôt, littéralement porter à bout de bras, il va pouvoir se servir de nouvelles armes, de nouvelles capacités, et accéder à de nouveaux lieux. Et avancer dans sa quête : préserver ce qu’il reste de son village à la dérive.

Un jeu sur l’héritage

Difficile de ne pas penser à la progression de Super Metroid, à la cape et la monture (ici inversées) de Super Mario World, ou encore à l’ambiance de Zelda. Pourtant, Owlboy, si l’on ose dire, vole aussi de ses propres ailes.

Car finalement, ce n’est jamais dans ses mécanismes qu’il est le plus marquant mais plutôt dans sa façon de dérouler une histoire. Celle-ci semble toujours à deux doigts de l’accident, sans qu’il soit possible d’établir s’il s’agit d’un parti pris assumé ou de la conséquence de son développement compliqué.

« Owl Boy » sur fond rouge. | Capture d'écran

Mais c’est son charme : ces saynètes adorables, ces idées exploitées une fois et plus jamais réutilisées. Chaque tableau d’Owlboy a bénéficié d’un tel soin que chacun semble presque être un jeu à lui tout seul, autant d’expériences ludiques minuscules qui composent un tableau par ailleurs très familier.

Alors oui, Owlboy n’invente, au final, pas grand-chose. Mais si c’était parce que, depuis le départ, cette histoire de dernier garçon-hibou qui tente de sauver un monde sur le déclin n’était qu’un jeu sur l’héritage ?

En bref

On a aimé :

  • Pouvoir enfin jouer à ce jeu qui était attendu depuis des années.
  • Les graphismes en pixel art, impressionnants de maîtrise.
  • Incarner un héros volant, privilège trop rare.

On n’a pas aimé :

  • Les quelques petits soucis de rythme.
  • Un certain manque d’audace dans la construction des donjons.

C’est plutôt pour vous si…

  • Les jeux de la Super Nintendo vous manquent.
  • Vous ne vous êtes toujours pas remis des graphismes de la Neo Geo.
  • Vous aimez les jeux très chouettes.

Ce n’est plutôt pas pour vous si…

  • Vous ne pensez pas que c’était mieux avant.

La note de Pixels :

12-bits sur 16.