Comment sortir la tête haute d’une situation inextricable ? En donnant à tous les protagonistes l’impression qu’ils ont gagné. Ainsi, s’achève un combat de taille que vient de vivre SoLocal. Le conseil d’administration de l’ex-PagesJaunes vient de proposer un nouveau plan de restructuration de la dette, qui vise à faire passer le fardeau financier de l’entreprise de 1,1 milliard à 400 millions d’euros.

Cette fois, ce plan a été négocié avec les représentants des petits porteurs entrés au conseil à la suite d’une assemblée générale épique qui s’est tenue le 19 octobre. Après six heures de réunion, les petits actionnaires avaient massivement rejeté un précédent plan de restructuration de la dette, qu’ils considéraient comme injuste à leur égard.

Depuis cette date, les négociations entre actionnaires, créanciers et direction avaient repris. Pour aboutir à un plan de restructuration légèrement amendé, à défaut d’être revu en profondeur. Les petits porteurs, appelés à participer à une nouvelle augmentation de capital, ont ainsi obtenu 1,5 action gratuite pour chaque action détenue, contre une seule jusque-là. La part des créanciers qui devront également réinvestir au capital de SoLocal, sera un peu plus limitée.

« Compromis constructif »

« C’est un compromis constructif. Cela ne change pas grand chose par rapport au plan précédent, mais le symbole fait plaisir aux petits actionnaires », dit un analyste parisien. Les créanciers, eux, conservent un taux de rémunération intéressant sur les 400 millions d’euros de dette résiduelle. « Personne n’avait envie de prendre la responsabilité de faire échouer ces discussions », juge le même analyste. De fait, depuis le 19 octobre, l’incertitude planait au dessus de la tête de SoLocal, qui emploie 4 400 salariés. Les créanciers avaient la possibilité de réclamer le remboursement de l’intégralité de leur dette.

Après s’être crêpé le chignon en place publique, la direction du groupe et les petits porteurs, représentés par le Regroupement PPLocal, se sont félicités de ce nouveau plan. « La direction a fait en sorte qu’on puisse arriver à un accord favorable pour la société et les actionnaires individuels », dit Alexandre Loussert, président du Regroupement PPLocal. « Nous avons agi vite, les intérêts de l’entreprise ont été préservés. On peut espérer une issue favorable d’ici la fin de l’année », a expliqué le directeur général du groupe, Jean-Pierre Rémy.

Le vote des créanciers en bonne voie

Pour que le plan soit mis en oeuvre, il faut qu’il soit voté par les créanciers. Ce qui semble être en bonne voie. Les trois plus importants, représentant 37 % des débiteurs, Paulson, Amber Capital, et Monarch Capital ont donné leur accord. Ensuite, le groupe tiendra une nouvelle assemblée générale le 15 décembre. Cet apurement de la dette permettra à Jean-Pierre Rémy de donner le coup d’envoi à un nouveau plan d’investissement dans SoLocal. Ces dernières années, l’ex-annuairiste s’est mué en agence de communication Web destinée aux PME et aux TPE.

La direction et les nouveaux administrateurs de SoLocal espèrent toujours faire venir des nouveaux investisseurs au capital de l’entreprise. Selon nos informations, ils ont notamment contacté Bpifrance mais rien n’est pour le moment acté, ni dans un sens ni dans un autre. Jusqu’à récemment, on estimait au sein du gouvernement qu’il n’était pas dans les missions de la banque publique d’intervenir en lieu et place des investisseurs privés.