La Commission, qui enquête depuis 2010 sur les pratiques de l’entreprise et son service de comparaison de prix, lui a adressé en avril 2015 une « communication des griefs », l’équivalent d’un « acte d’accusation » dans le jargon bruxellois, complétée en juillet 2016, après une première réponse du géant de la Silicon Valley. | JOEL SAGET / AFP

Le géant américain Google a jugé jeudi 3 novembre « erronées » les accusations de l’UE, qui le soupçonne d’abuser de sa position dominante pour favoriser systématiquement son comparateur de prix dans les pages de résultats de son moteur de recherche.

Des accusations erronées « du point de vue des faits, du droit et de l’économie », écrit Kent Walker, vice-président de Google, dans un billet de blog, alors que l’entreprise est visée par plusieurs accusations européennes d’abus de position dominante, visant notamment Google Shopping et le système d’exploitation mobile Android.

« Le point de vue de la Commission ne reflète pas la réalité de la manière dont les gens font des achats en ligne », explique Google dans ce texte, qui résume sa réponse officielle envoyée jeudi à Bruxelles, et dénonce une vision datée des usages des internautes.

« Les consommateurs ne se contentent pas de rechercher des produits sur un moteur de recherche, avant de cliquer sur un site de comparaison de prix et de cliquer à nouveau vers un site marchand. »

Le poids d’Amazon mis en avant

Elle regrette ainsi que la Commission « échoue à prendre en compte » la place prise sur le marché par les mastodontes comme Amazon, qui, selon le moteur de recherche, ont eu un gros impact sur le trafic de certains sites comparateurs de prix.

Ces comparateurs sont « moins utiles pour les consommateurs », avance Google, qui explique n’y être pour rien. « Notre réponse démontre que les achats en ligne sont très concurrentiels, avec de nombreuses preuves soutenant la conclusion de bon sens que Google et beaucoup d’autres sites courent après Amazon », conclut l’américain.

Google ajoute que les comparateurs de prix qui ont adressé des plaintes contre le moteur de recherche ne sont pas représentatifs d’un « large marché », très compétitif, où de nombreux acteurs « entrent » alors que d’autres « sortent ».

Une accusation officielle en 2015

La Commission, qui enquête depuis 2010 sur les pratiques de l’entreprise sur son service de comparaison de prix, lui a adressé en avril 2015 une « communication des griefs », l’équivalent d’un « acte d’accusation » dans le jargon bruxellois, complétée en juillet 2016, après une première réponse du géant de la Silicon Valley.

« La Commission craint que les utilisateurs ne voient pas nécessairement les résultats les plus pertinents en réponse à leurs requêtes, ce qui porte préjudice aux consommateurs et entrave l’innovation », expliquait alors le gardien de concurrence dans l’UE. Selon elle, « le comportement de Google a affaibli, voire marginalisé la concurrence exercée par ses concurrents les plus proches ».