La liste des journalistes dont les données téléphoniques ont été collectées par la police au Québec s’est allongée mercredi 2 novembre. Sept, au total, ont eu la confirmation auprès des autorités d’une surveillance de leurs communications.

Le quotidien La Presse avait annoncé lundi que l’un des membres de sa rédaction, Patrick Lagacé, avait été surveillé au cours des premiers mois de l’année, via la collecte des numéros d’appels entrants et sortants de son téléphone. Depuis, cinq autres journalistes identifiés sont venus s’ajouter à la liste ainsi qu’un septième dont l’identité n’a pas été révélée par son média.

Inspection interne

Le groupe audiovisuel public Radio-Canada a eu la confirmation de la mise sous surveillance par la police des téléphones de trois de ses journalistes à l’automne 2013, dont l’animateur vedette de la tranche matinale Alain Gravel.

Sur la liste figurent également un journaliste du Journal de Montréal et un correspondant parlementaire de La Presse à Québec.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau est sorti de son silence mercredi en assurant que son « gouvernement défend la liberté de la presse » et qu’il ferait « le nécessaire pour l’encadrer ». Il attend cependant le résultat des discussions entre la ville de Montréal et sa police avant de tirer des conclusions.

Dès mardi, le gouvernement du Québec avait annoncé une inspection interne des trois principaux services de police de la province en condamnant la pratique policière autorisée par la magistrature.

« Pas de lynchage public »

Le maire de Montréal Denis Coderre a réitéré sa confiance en son chef de la police, Philippe Pichet. Ce dernier a justifié le principe de l’examen des données téléphoniques des journalistes en se réfugiant derrière la nécessité de « faire respecter la loi »« Il a ma confiance et on ne fera pas de lynchage public », a assuré M. Coderre.

Radio-Canada a révélé que les journalistes visés travaillaient pour un magazine d’investigation à l’origine des révélations d’un gigantesque scandale de corruption entre les entreprises de BTP et les partis politiques. « C’est une crise de confiance totale entre l’Etat, la police et le monde médiatique », a déclaré Michel Cormier, directeur de l’information.

Mercredi soir, le ministre québécois de la sécurité publique a annoncé une enquête administrative sur le processus qui a mené en 2013 à cette surveillance des journalistes par la sûreté du Québec, « le seul cas en vingt ans à [sa] connaissance ».