Dans le marais Poitevin, deuxième zone humide de France aux confins des deux régions du littoral atlantique (Centre-Val-de-Loire et Nouvelle-Aquitaine). / AFP / DERRICK CEYRAC | DERRICK CEYRAC / AFP

En remportant le dixième palmarès de l’écologie, réalisé par l’hebdomadaire La Vie, la Loire-Atlantique semble faire oublier d’un trait le lourd dossier environnemental du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Mais, justifie le journal (publication du groupe de presse Le Monde), seule la situation actuelle est prise en compte, sans anticiper sur de futures infrastructures. Le département victorieux de l’édition 2016 obtient de bons résultats dans six des huit critères définis.

S’agissant de la protection de la biodiversité, de la gestion des déchets, voire de la consommation durable ou de l’agriculture bio, la Loire-Atlantique peut afficher un bilan positif. « Son immense territoire de 6 809 km² – qui ne saurait être réduit aux 1 650 hectares de la ZAD (la zone à défendre des opposants au projet d’aéroport), écrit le journal – abrite en effet un très beau patrimoine naturel entre l’estuaire de la Loire, les marais salants de Guérande, la Brière, jusqu’au lac de Grand-Lieu, la deuxième réserve ornithologique de France, un fantastique espace naturel peu connu, aux portes de Nantes », rappelle le journaliste Olivier Nouaillas.

Pour autant, ce palmarès de l’écologie, réalisé en partenariat avec la radio France Bleu, ne se réfère pas qu’aux atouts naturels des départements. Il s’agit d’abord de vérifier quelles sont les orientations des politiques publiques locales et des investissements, et leurs effets concrets dans les différents secteurs de l’environnement. En plus des critères déjà évoqués, on trouve aussi la qualité de l’air, celle de l’eau, la transition énergétique et l’« agenda 21 », soit des programmes qui mettent en avant la préservation de la biodiversité, la lutte contre le changement climatique, garantissant notamment la cohésion sociale et la solidarité entre territoires et générations.

Le Gard et la Lozère, champions de la biodiversité

Le podium écologique de La Vie réunit donc la Loire-Atlantique, suivie de la Gironde (première lors de l’édition précédente) et de l’Hérault et du Morbihan ex-aequo. Dans chaque secteur, les classements mettent en avant des départements différents. Ainsi, le Gard et la Lozère arrivent en tête pour la biodiversité, la Haute-Garonne et le Gers pour l’agriculture biologique, la Corse-du-Sud et les Hautes-Alpes pour la qualité de l’eau. L’hebdomadaire propose sur son site une carte interactive qui permet de mesurer les performances de chaque département dans les différents secteurs sélectionnés.

Ainsi, les Côtes-d’Armor, en tête pour la qualité de l’air (ex-aequo avec les Hautes-Pyrénées), arrivent en 31e position pour la qualité de l’eau et en queue de peloton s’agissant de la protection de la biodiversité. Chaque critère a été défini en fonction de données publiques, telles le nombre d’AMAP (les associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) et de producteurs pratiquant la vente directe ou de « commerces engagés dans une démarche bio et/ou équitable », le nombre de ruches en activité pour celui de « consommation durable ».

Sans grande surprise, les départements franciliens sont assez loin du podium, voire franchement relégués dans les bas-fonds du classement. Paris arrive ainsi en 95e position pour la qualité de l’eau, 77e pour celle de l’air, la Seine-et-Marne en 94e position pour l’agriculture biologique, la Seine-Saint-Denis en 96e pour la gestion des déchets…

La photographie environnementale que propose ce palmarès laisse apercevoir un bilan plutôt mitigé. « Paradoxal », ainsi que le caractérise Cyril Dion, le réalisateur du film documentaire Demain (2015), interviewé par l’hebdomadaire. « D’un côté, on a progressé dans l’évolution des mentalités des Français vis-à-vis de l’écologie. (…) A contrario, sur le plan national, on n’arrive pas à avoir des résultats tangibles », explique le cinéaste, mettant en avant le poids des lobbies du nucléaire ou encore de l’« agriculture intensive ».