A la Bourse de New York, le 1er novembre. | SPENCER PLATT / AFP

Wall Street a peur. Londres, Francfort et Paris aussi. Un vent mauvais souffle de l’Atlantique. Et si le républicain Donald Trump remportait l’élection du 8 novembre et s’installait dans le fauteuil de Barack Obama ? Et si l’on assistait à un Brexit made in USA qui isolerait les Etats-Unis – tant la politique étrangère et le programme économique du magnat de l’immobilier sont radicaux et irréalistes ?

A six jours d’un scrutin incertain, précédé de vagues d’enquêtes d’opinion aux résultats hautement volatils, un sondage ABC-Washington Post est venu affoler la place : il donne M. Trump vainqueur face à Hillary Clinton, qui n’a plus que 1,9 point d’avance sur la moyenne des sondages compilés par RealClearPolitics (7,1 mi-octobre). Une dégringolade due à la décision du FBI – contestée par M. Obama lui-même – de rouvrir inopinément son enquête sur les serveurs privés qui ont hébergé les e-mails de la candidate démocrate et ex-secrétaire d’Etat.

Attaques outrancières

A New York, le Dow Jones a perdu 0,43 %, le FTSE-100, 1,04 % à Londres, le CAC 40, 1,24 % à Paris et le DAX, 1,47 % à Francfort. Un recul également enregistré à Hongkong et Shanghaï. La volatilité des sondages donne le tournis aux investisseurs. L’indice de volatilité Vix, véritable « jauge de la peur » à Wall Street, se rapproche des niveaux atteints après le Brexit. Les valeurs refuges reviennent en grâce auprès des investisseurs. L’once d’or est repassée au-dessus de la barre des 1 300 dollars. 

Même le très républicain Wall Street Journal penche pour Clinton. Ou encore l’ex-patron de General Electric, l’emblématique Jack Welch, qui a soutenu le programme et l’homme jusqu’à ce Tweet du 8 octobre où il invite le Grand Old Party à « changer de candidat ». C’est que M. Trump a de quoi inquiéter les acteurs des marchés financiers et les industriels, même s’il leur promet de fortes baisses d’impôts et une dérégulation à tout-va dans la finance ou l’énergie.

Ils n’apprécient pas ses plaidoyers protectionnistes, tremblent à ses diatribes contre le commerce international, s’étranglent en l’entendant promettre de dénoncer les traités de libre-échange comme l’union douanière Etats-Unis-Canada-Mexique (Alena), s’inquiètent de ses attaques outrancières contre la Chine. Sans parler de ses sorties racistes contre les musulmans ou les Mexicains qualifiés de « violeurs ». Plus que tout, c’est l’inexpérience et l’imprévisibilité de Trump qui affolent la Bourse new-yorkaise.

Historiquement, Wall Street est tout sauf antidémocrate. Mais, en 2012, sa manne s’était déversée dans les caisses du républicain Mitt Romney. Façon de punir M. Obama d’avoir qualifié les financiers de « chats gras » (« fat cats ») et renforcé le contrôle du système bancaire après la crise de 2008 en faisant voter la loi Dodd-Frank. Cette fois, il ne fait guère de doute qu’il a misé gros sur Mme Clinton, baptisée « la candidate de Wall Street » par M. Trump. Et là, on ne peut pas lui donner tort.