A Skipsea, en Grande-Bretagne, la route qui longe le littroal est en passe de disparaître, grignotée par l’érosion. | Kadir van Lohuizen /NOOR

Un an après la signature à Paris d’un accord historique pour limiter le réchauffement, lors de la 21e conférence des Nations unies sur le climat (COP21), les 196 Etats acteurs des négociations ont rendez-vous du 7 au 18 novembre à Marrakech, au Maroc. D’une conférence à l’autre, le contexte a radicalement changé. Ponctuant plus de vingt ans de discussions stériles, la COP21 constituait l’ultime chance d’arracher un consensus, puisque la communauté internationale avait fait de l’année 2015 la date butoir de l’adoption d’un traité capable de limiter les émissions de gaz à effet de serre et contenir le réchauffement au-dessous du seuil de 2 °C.

La COP22, deuxième conférence climat accueillie par le royaume chérifien après celle de 2001, n’est pas soumise à un calendrier si serré. Elle doit au contraire préciser les ­conditions de mise en œuvre de l’accord et l’inscrire dans la durée, mais la tâche n’en est pas plus facile. En 1997, le protocole de Kyoto – première expérience de réduction des émissions, qui fixait aux pays développés des objectifs chiffrés – laissait entrevoir de réelles avancées dans la lutte contre le réchauffement. L’Histoire retient aujourd’hui le retrait en 2005 des Etats-Unis, jugeant que Kyoto entravait la bonne marche de son économie et que ses effets sur les émissions du monde industriel sont limités.

Mobilisation générale

Parce qu’il est plus flexible, c’est-à-dire moins contraignant, le texte de Paris a rempli en un temps record les conditions requises pour son entrée en vigueur. Les Nations unies exigeaient qu’il soit ratifié par au moins 55 pays représentant au moins 55 % du total des émissions de gaz à effet de serre. Au 4 novembre, date de l’entrée en vigueur officielle du texte, 97 parties, agrégeant plus de 69 % des émissions mondiales, avaient déjà rejoint l’accord.

La présidence française de la COP21, pilotée depuis mars par la ministre de l’environnement Ségolène Royal, a entretenu la mobi­lisation générale décrétée fin 2015 à Paris. Mais c’est surtout Barack Obama qui a joué un rôle décisifdans le processus de ratification. Soucieux de laisser un « héritage » climatique solide, le président sortant a pesé pour convain­cre la Chine de signer sans tarder. La ratification conjointe des deux plus gros ­pollueurs mondiaux, début septembre, a entraîné dans sa roue de grandes nations émergentes comme le Brésil et l’Inde ensuite, et a contraint l’Union européenne à taire ses divisions internes pour être à l’heure, elle aussi, de la ratification.

« Le réchauffement se produit maintenant et beaucoup plus vite que prévu », alerte Robert Watson, ancien président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat

Entre Paris et Marrakech, le contexte diplomatique a changé, mais l’urgence climatique reste la même. La hausse du thermomètre a été continue en 2016 et la Terre est en passe de battre cette année son troisième record annuel consécutif de chaleur depuis le début des relevés de températures, en 1880. « Le réchauffement se produit maintenant et beaucoup plus vite que prévu », alerte Robert Watson, l’ancien président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.

Accélérer les efforts

Pour la première fois aussi, la concentration dans l’atmosphère du CO2, principal gaz à effet de serre, a dépassé durant toute l’année 2015 le seuil symbolique de 400 ppm (parties par million), selon l’Organisation météorologique mondiale, qui rappelle que le dioxyde de carbone est d’autant plus nocif qu’il « reste pendant des milliers d’années dans l’atmosphère et encore plus longtemps dans les océans ».

La COP22, à laquelle devraient participer le 15 novembre plusieurs chefs d’Etat occidentaux et africains, ne doit pas perdre de vue ce tableau alarmant. « Pour le moment, on n’observe pas de remise en question des promesses de 2015, pas de rétropédalage majeur, note Carole Mathieu, chercheuse au Centre énergie de l’Institut français des relations internationales. L’étape suivante est d’accélérer ces efforts », notamment de rehausser les ­engagements des pays, qui ne suffisent pas, pour l’heure, à tenir l’objectif de 2 °C. « L’accord de Paris enregistre un nombre record de ratifications, mais ne nous reposons pas sur nos lauriers, prévient Liz Gallagher, du think tank E3G. Les prochains tests sur le climat ­arrivent vite. » La conférence de Marrakech en est un.