LA LISTE DE NOS ENVIES

Expos, théâtre, lyrique, concerts… Ce week-end, aucune chance de rester à la maison devant la télé ; voici une kyrielle d’événements pour remplir votre carnet de bal culturel.

EXPOSITION. Jean Lurçat et les désastres de la guerre, à Angers

Dernier week-end pour découvrir l’impressionnant Grand Charnier de Jean Lurçat (1898-1966), au Musée des beaux-arts d’Angers, carton peint de sept mètres sur quatre, à l’échelle « 1 » de la tapisserie du même nom. C’est le premier des dix modèles préparatoires de la tenture Le Chant du monde à être restauré par la ville qui racheta, en 1967, le chef-d’œuvre tissé. L’artiste engagé, traumatisé par les guerres qui ensanglantaient l’Europe, renouvela et relança l’art tombé dans l’oubli de la tapisserie. Son œuvre monumentale était tissée à Aubusson (Creuse), par l’atelier Tabard frères et sœurs, et à la manufacture des Gobelins, à Paris.

C’est aussi l’occasion de voir ou de revoir l’immense tenture de 367 mètres carrés, exposée dans l’ancien hôpital Saint-Jean, transformé en Musée Jean-Lurçat et de la tapisserie contemporaine. Sans oublier la fameuse Apocalypse, galerie de laine de cent mètres de long, déroulée dans le rempart du château d’Angers, tissée au XIVe siècle à la demande de Louis d’Anjou, et dont les échos résonnent dans l’œuvre de Lurçat. Jusque dans ses petites gouaches et aquarelles qui toutes parlent des désastres de la guerre. Florence Evin

Musée des beaux-arts d’Angers, de 10 heures à 18 heures, jusqu’au dimanche 6 novembre. Mêmes horaires pour les deux autres sites. Billet jumelé 15 €.

THÉÂTRE. Avec les anges écuyers de Bartabas, à Paris

On achève peut-être bien les anges, mais pas Bartabas. Malgré le procès fait par Tom Waits, le patron du Théâtre équestre Zingaro joue sa dernière création jusqu’à la fin de l’année dans son théâtre magique du fort d’Aubervilliers, et c’est un plaisir dont il ne faut pas se priver, surtout si l’on est accompagné par des enfants ou des adolescents.

Avec ce spectacle, Bartabas retrouve l’esprit du cirque, de la piste, de l’arène, qui lui va bien mieux au teint que les explorations mystiques. Ses anges sont non seulement fabuleux écuyers, mais aussi clowns, musiciens, acrobates, qui tous, accompagnés de leur chef de troupe, déclinent la chanson rocailleuse, douce-amère et néanmoins joyeuse d’une époque qui déchante sérieusement. Et à la fin tous montent au ciel, malgré tout, à l’image d’un irrésistible poney minuscule et chevelu, porté par ses ailes d’ange. Fabienne Darge

« On achève bien les anges », par le Théâtre Zingaro. Théâtre Zingaro, 176, avenue Jean-Jaurès, Aubervilliers. Tél. : 01 48 39 54 17. Vendredi et samedi à 20 h 30, dimanche à 17 h 30.

THÉÂTRE. Une moisson de découvertes, à Rennes

C’est un rendez-vous incontournable de la création, où se presse toute une jeunesse rennaise, dans une ambiance joyeuse. Au programme de cette dernière édition du festival Mettre en scène, conçu par François Le Pillouer, le directeur du Théâtre national de Bretagne (TNB) – il cédera son poste à Arthur Nauzyciel, en janvier 2017 –, on pourra faire plusieurs découvertes théâtrales, ce week-end.

Parmi elles : Soubresaut, le nouveau spectacle de François Tanguy, grand inventeur d’images ; Le Projet apocalyptique, conçu par Simon Gauchet, un ancien élève de l’école du TNB, qui imagine ce que serait la fin du monde, aujourd’hui ; Un homme qui fume c’est plus sain, un spectacle du collectif Bajour, formé de comédiens qui eux aussi sont sortis récemment de l’école du TNB, et qui mettent en scène une réunion de famille, à l’occasion d’un deuil. D’autres élèves, en cours d’études, joueront Le Verbe du désir, une adaptation du Songe d’une nuit d’été, de Shakespeare, mise en scène par Stuart Seide. Brigitte Salino

Théâtre national de Bretagne, 1, rue Saint-Hélier, Rennes. Tél. : 02 99 31 12 31.

EXPOSITION. Strasbourg, à la gloire de ses collectionneurs d’art

Le Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg. | BY ODER ZEICHNER/DE:BENUTZER:GANCHO/OWN WORK/CC BY-SA 3.0/COMMONS WIKIMEDIA

Strasbourg est décidément une ville où les arts ont un public et des défenseurs nombreux et actifs. Peu de métropoles régionales françaises pourraient réussir ce que le Musée d’art moderne et contemporain de la ville a accompli : montrer les œuvres réunies par des collectionneurs privés liés à la ville ou à sa région et qui ont, au fil du temps, construit des ensembles abondants et cohérents.

Elles sont quatre pour l’automne : celles de G. et M. Burg, de J. et C. Mairet, d’Esther et Jean-Louis Mandel et une quatrième anonyme. Cinq autres suivront cet hiver. Et pour les deux saisons, les mêmes principes ont été adoptés : s’efforcer de ménager des passages et suggérer des connivences entre des œuvres d’époques, de techniques et de sujets très différents et, d’autre part, permettre à chaque ensemble de se déployer largement et de manifester sa cohérence particulière. Ces oppositions donnent au parcours son côté accidenté et imprévisible, le musée ayant joué le jeu et laissé chacun libre de son mode de présentation. Harry Bellet

Musée d’art moderne et contemporain, 1, place Hans-Jean-Arp, Strasbourg. Tél. : 03 68 98 51 55. Du mardi au dimanche, de 10 heures à 18 heures. Première partie de l’exposition jusqu’au 20 novembre ; deuxième, du 10 décembre au 26 mars 2017. Musees.strasbourg.eu

EXPOSITION. Les FRAC, c’est chic !

« Les Turbulences », Jakob + MacFarlane, FRAC Centre – Val de Loire. | N. BOREL

Ils sont vingt-trois et offrent un maillage unique à l’échelle d’un pays dans l’accès à l’art actuel. Ils ont une mission commune – constituer une collection, faire circuler les œuvres et sensibiliser à la création contemporaine –, mais chacun s’est modelé à sa façon en plus de trente ans d’existence, avec ses dominantes et ses singularités.

Forts de cette identité partagée comme de ces différences, les Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC) organisent leur premier week-end national, les 5 et 6 novembre, avec une programmation sur mesure : artistes invités, visites guidées, ateliers, rencontres, conférences, concerts, performances, projections… De Dunkerque (Nord) à Corte (Haute-Corse) en passant par Rennes, Limoges ou Besançon, les FRAC de toutes les régions sont à la fête. Emmanuelle Jardonnet

Programme sur Frac-platform.com

OPÉRA. Avec Didon et Enée, les histoires d’amour finissent mal, à Rouen

« Didon et Enée », d'Henry Purcell à l'Opéra de Rouen Normandie. | OPÉRA DE ROUEN

L’unique opéra d’Henry Purcell, Didon et Enée, est l’une des œuvres baroques les plus jouées au monde. L’histoire de la reine de Carthage abandonnée par le prince troyen possède sans doute, avec le célèbre lamento When I am laid in earth, la musique la plus poignante de tout le XVIIe siècle. Deux metteurs en scène issus des arts du cirque, Cécile Roussat et Julien Lubek, ont été requis pour monter cette pièce qui, à l’époque, tenait de la combinaison hybride du théâtre et du masque (chants, danses, musique instrumentale et machinerie scénique à effets spectaculaires).

Le résultat est féerique. Entre vagues et rochers, poulpe géant et sirènes, l’histoire des deux amants, contée avec magie et finesse par les musiciens du Poème harmonique et du Chœur Accentus, sous la direction de Vincent Dumestre, pourra compter avec Mireille Delunsch dans le rôle de la reine suicidée. Créé en mai 2014 à l’Opéra de Rouen Normandie, Didon et Enée est aujourd’hui repris, toujours à Rouen, les 4, 6 et 8 novembre, avant de connaître à nouveau les ors de l’Opéra royal de Versailles pour quatre représentations, les 19 et 20 novembre. Marie-Aude Roux

Théâtre des arts de Rouen. Les 4 et 8 novembre à 20 heures, le 6 novembre à 16 heures. Tél. : 02 35 98 74 78. De 10 € à 68 €.

Opéra royal de Versailles. Le 19 novembre à 18 h 30 et 21 heures, le 20 novembre à 16 et 19 heures. Tél. : 01 30 83 78 89. De 38 € à 140 €. Chateauversailles-spectacles.fr

MUSIQUE. Emile Parisien en quintette et le duo Vincent Peirani et Michael Wollny au New Morning

Le saxophoniste Emile Parisien (en haut), le pianiste Michael Wollny (en bas, à gauche) et l’accordéoniste Vincent Peirani (en bas, à droite). | NEWMORNING.COM

Fondée au début des années 1990 par Siegfried (dit Siggi) Loch, la compagnie phonographique allemande ACT est attentive aux musiciens allemands, norvégiens et suédois, avec quelques détours vers la Suisse ou l’Autriche. Une poignée de Français y ont toutefois été produits.

Derniers en date, le saxophoniste Emile Parisien et l’accordéoniste Vincent Peirani. L’un et l’autre plutôt en vue ces derniers temps dans le domaine du jazz contemporain et l’un et l’autre venant présenter au New Morning, à Paris, leurs récents enregistrements, Sfumato pour Emile Parisien, en quintette avec le pianiste Joachim Kühn, le guitariste Manu Codjia, le contrebassiste Simon Tailleu et le batteur Mario Costa ; Tandem pour Vincent Peirani en duo avec le pianiste Michael Wollny. Ce sera samedi 5 novembre pour le quintette (avec Michel Portal en invité) et dimanche 6 pour le duo. Sylvain Siclier

New Morning, 7-9, rue des Petites-Ecuries, Paris 10e. Mo Château-d’Eau. Emile Parisien Quintet, samedi 5 novembre à 20 h 30, 26,50 € ; Vincent Peirani et Michael Wollny, dimanche 6 novembre, à 20 h 30, 25 €.

ROCK. Le Couscous Clan de Burger et Taha au Palais de la Porte Dorée, à Paris

Affiche (détail) du concert « Couscous Clan », le 4 novembre 2016 à 20 heures.

Groupe de fête plus que de discographie (pour l’instant), le Couscous Clan se forme au gré des occasions et des humeurs de l’ex-Kat Onoma Rodolphe Burger, et du pionnier du rock’n’raï’n’electro Rachid Taha. C’est cette fois dans le cadre de l’exposition « Vivre ! », présentant une sélection des œuvres de la collection d’art contemporain d’Agnès b., à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration à Paris, que fusionneront, vendredi 4 novembre, l’élégance crépusculaire de Burger et l’énergie calorifère de l’ancien Carte de séjour, accompagnés, entre autres, du joueur de luth et mandole Hakim Hamadouche. Stéphane Davet

Cité nationale de l’histoire de l’immigration, Palais de la Porte Dorée, 293, avenue Daumesnil, Paris 12e. Vendredi 4 novembre. 20 heures. 13,50 €.

CHANSON. François Morel se fait chanteur-consolateur au Théâtre du Rond-Point, à Paris

Le comédien François Morel. | CHRISTOPHE MANQUILLET

François Morel nous fait du bien. Qu’il joue ou qu’il chante, on ressort de ses spectacles le cœur léger, emballé par cette parenthèse consolatrice, ce bol d’air dans ce monde de fureur concocté avec drôlerie et tendresse. Six ans après Le Soir, des lions…, ce comédien-chanteur-humoriste-chroniqueur s’offre un nouveau tour de chant. La Vie (titre provisoire, disponible aussi en CD chez Sony Music) raconte des histoires tour à tour intemporelles, universelles, rigolotes, émouvantes.

Sur la scène du Théâtre du Rond-Point, à Paris, accompagné de son épatant complice Antoine Sahler, François Morel ne se prend pas au sérieux mais s’amuse sans cesse avec son excellent quatuor de musiciens dans une mise en scène astucieuse et ludique imaginée par la chanteuse Juliette. Son récital donne envie de danser, de rire, de pleurer, de cultiver nos souvenirs. Un petit bijou d’humanité. Sandrine Blanchard

Théâtre du Rond-Point, 2 bis, avenue Franklin-Roosevelt, Paris 8e. Jusqu’au 6 novembre, du mercredi au samedi à 21 heures, dimanche à 15 heures.