Paris, le 4 novembre 2016, célébrait l’entrée en vigueur de l’accord sur le climat signé un an plus tôt lors de la 21e conférence des Nations unies sur le changement climatique, la COP21. | PATRICK KOVARIK / AFP

Editorial du « Monde ». L’accord de Paris sur le climat est entré en vigueur vendredi 4 novembre, onze mois seulement après son adoption lors de la 21e conférence des Nations unies sur le changement climatique, la COP21. Il s’agit d’une étape majeure dans la lutte contre le réchauffement. Ce traité fixe un cadre universel aux 196 Etats parties prenantes des négociations pour tenter de contenir la hausse des températures sous la barre des 2 0C. Il reste désormais à définir les mesures précises qui permettront d’atteindre l’objectif et de freiner les émissions polluantes, sans dénier aux pays émergents leur droit au développement. Les travaux qui débutent à Marrakech le 7 novembre donneront la mesure de la mobilisation des Etats et de leurs capacités à transformer les promesses faites à Paris.

L’entrée en vigueur de l’accord sur le climat est un succès diplomatique pour la France, qui avait fait, en 2012, le pari d’accueillir et de présider la COP21, le rendez-vous de la dernière chance pour sceller un accord, alors que les négociations étaient engluées depuis l’échec du sommet de Copenhague en 2009. Laurent Fabius, puis Ségolène Royal, qui lui succéda à la présidence de la COP, ont réussi à déminer les obstacles : les divisions Nord-Sud, l’hostilité des pays producteurs de pétrole, les querelles intestines entre Européens, incapables de s’entendre sur l’effort de chacun des 28 dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

C’est aussi une victoire des Etats-Unis. En amont et en aval de la COP21, Barack Obama et son secrétaire d’Etat, John Kerry, ont joué un rôle moteur pour entraîner les grands pollueurs dans leur sillage, Chine, Inde et Brésil. Principaux responsables de l’échec du sommet de Copenhague en 2009 avec les Chinois, les Américains ont depuis endossé le leadership des négociations climatiques.

Tout reste à faire

Mais les ONG sont dans leur rôle quand elles rappellent que tout reste à faire et que les engagements pris à Paris par les Etats mettent la planète sur une trajectoire de plus de 3 0C de réchauffement. Les Nations unies le soulignent dans un rapport publié jeudi 3 novembre : au rythme actuel, le budget carbone à ne pas dépasser pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 0C, le seuil défendu par les Etats les plus vulnérables, sera totalement consommé bien avant 2030.

Des décisions radicales devront être prises sur la dépendance de la planète aux énergies fossiles : charbon, gaz, pétrole, les trois plaies du climat, qui constituent le carburant de l’activité économique depuis l’ère industrielle. Une transition énergétique s’impose. Elle passe par le développement massif des énergies vertes, une révolution des pratiques agricoles, une révision complète des normes de construction et des moyens de transport, et une adaptation des modes de consommation.

La lutte contre le dérèglement du climat est le plus grand défi posé aux nations. Chaque mois, la hausse des températures franchit des records. L’année 2015, marquée par le phénomène El Niño, s’est traduite par une succession de catastrophes : inondations, glissements de terrain, sécheresse, incendies, dégradation des récoltes. « Nous devons retrouver le sentiment d’urgence que nous avions il y a un an. Avec chaque jour qui passe, le défi du climat grandit », s’alarme Jim Yong Kim, le président de la Banque mondiale. L’accord de Paris, désormais effectif, est une étape majeure. Mais il est avant tout un point de départ.