Donald Trump (à gauche) et Hillary Clinton (à droite) pendant leur premier débat, à Hofstra University, à Hempstead, New York. | RICK WILKING / AFP

Impôts, dépenses publiques, protectionnisme : à l’épreuve d’économie, les deux candidats à la Maison Blanche s’opposent diamétralement. Si de nombreux économistes du monde académique, voire des agences de notation, s’alarment du « danger » représenté par Donald Trump pour la prospérité américaine, il ne manque pas de petits entrepreneurs mais aussi d’investisseurs pour estimer que les plans du candidat républicain seraient bénéfiques pour l’économie. Alors que les sondages les placent au coude-à-coude juste avant le scrutin mardi, on pourrait dire que « Wall Street est pro-Clinton et Main Street [les petits investisseurs et les PME] est pro-Trump », résumait récemment Steve Odland, du Committee for Economic Development (CED), un institut de politique économique regroupant des entreprises.

Le projet économique du candidat républicain vise à relancer l’activité par le déficit et la déréglementation. Il promet 3,5 % à 4 % de croissance (contre 1,8 % projeté pour 2016) en réduisant l’impôt sur les sociétés de 35 % à 15 % et en abaissant ceux pour les contribuables plus riches (la tranche la plus élevée passant de 39,6 % à 33 %), ce qui gonflerait fortement le déficit budgétaire. Il veut aussi renégocier les accords commerciaux internationaux, supprimer la loi Obamacare sur l’assurance-santé et ériger « un mur » contre l’immigration. Dans la continuité de la politique du président Obama, le plan de la démocrate est au contraire davantage redistributif. Elle entend augmenter les impôts des plus riches, relever le salaire minimal fédéral, faciliter la gratuité des universités publiques pour les moins aisés et « seulement » réformer Obamacare. Son projet creuserait aussi le déficit mais dans une moindre mesure. Donald Trump affole le monde académique : pas moins de 370 professeurs et experts universitaires en économie, dont des Prix Nobel, ont signé une lettre ouverte dans le Wall Street Journal appelant « à choisir un autre candidat » que Donald Trump, qui représente à leurs yeux « un choix dangereux et destructeur pour le pays ». Le Fonds monétaire international lui-même s’est alarmé du spectre du protectionnisme, qui – de Donald Trump au Brexit – « menace la croissance mondiale ». Mais pour Steve Odland, du CED, le style à l’emporte-pièce du milliardaire peut séduire certains milieux d’affaires, car il relève du bagou et de la tactique des promoteurs immobiliers qui forcent à conclure des « deals » en négociant dur à partir de propositions outrancières. Pour les analystes de Capital Economics, une victoire de l’homme d’affaires « pourrait ne pas apporter les changements radicaux que l’on craint ».