Un vrai tir nourri. A treize jours du premier tour de la primaire de la droite. Nicolas Sarkozy a multiplié les charges contre Alain Juppé, lundi 7 novembre, lors d’une réunion publique à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), dans son fief. Devant ses proches présents au premier rang – dont son fils Jean, le couple Balkany et le sénateur Roger Karoutchi –, l’ex-chef de l’Etat n’a pas seulement partagé son « émotion » de revenir dans une ville où il a fait ses débuts en politique. Il a surtout cherché à affaiblir celui qui le devance dans les intentions de vote en le ciblant tous azimuts.

« Alternance forte »

Plaidant pour « une alternance forte », M. Sarkozy a mis en avant son « énergie », qu’il a opposée à l’« alternance molle » qu’incarnerait selon lui son rival, présenté comme un angéliste. « Je ne serai pas le président de l’immobilisme et du statu quo », a-t-il affirmé devant plus d’un millier de ses partisans, tout entiers acquis à sa cause. Avant de moquer le concept d’« identité heureuse » du maire de Bordeaux, inapproprié à ses yeux « dans un pays qui compte 6 millions de chômeurs et un déclassement des classes moyennes ».

Déterminé à exploiter le moindre angle d’attaque contre M. Juppé, il a fustigé sa volonté d’augmenter la TVA quand lui promet de baisser l’impôt sur le revenu de 10 %. Un point sur lequel l’ex-président entend appuyer dans la dernière ligne droite de la campagne. Son concurrent a jugé « inhumaine » sa proposition de suspendre le regroupement familial ? Il saute sur l’occasion pour dénoncer « la pensée unique » : « Ce qui est inhumain, c’est de laisser croire à un gosse du Sahel qu’il a un avenir en France alors qu’il n’y a pas d’emploi ni de logement ! »

Ton léger

Fidèle à ses dernières prestations, l’ex-président a de nouveau agité l’épouvantail Bayrou, à qui il ne pardonne pas d’avoir choisi François Hollande en 2012, dans l’espoir d’atteindre M. Juppé. Après avoir dressé un véritable réquisitoire contre le président du MoDem, coupable de « vouloir la régularisation des sans-papiers », il a demandé : « Nous avons des désaccords de fond ; quel contrat de gouvernement allons-nous faire avec lui ? »

En dehors de ces attaques, M. Sarkozy a parfois employé un ton léger, pas loin du stand-up, sur des sujets pourtant peu propices à l’humour. Réaffirmant sa volonté d’organiser un référendum pour permettre d’enfermer les « fichés S » de manière préventive, il a lancé, devant un public hilare : « A quoi ça sert, de faire des fichés S, si on ne s’en sert pas ? A collectionner les photos ? » Dans la même veine, il a blagué en faisant référence au « réchauffement climatique » pour expliquer l’existence d’une « “jungle” à Calais ».

Alors qu’il est donné perdant au second tour par tous les instituts de sondages, parfois avec plus de 20 points d’écart, M. Sarkozy a tenté d’insuffler un vent d’optimisme à ses troupes, en proie au doute. « Je sens monter la mobilisation de cette France silencieuse qui n’en peut plus ! », a-t-il lancé, avant de poursuivre, sur un ton provocateur : « Dans quinze jours, ils vont être surpris ! »