La Nintendo Classic Mini est en rupture de stock dans de nombreux magasins avant même sa sortie. | Nintendo

Verra-t-on fleurir les petits mots d’excuses au pied des sapins le 25 décembre ? Trois des nouvelles consoles les plus demandées de l’année 2016 – le casque de réalité virtuelle PS VR de Sony, déjà disponible ; la console haut de gamme PS4 Pro, qui sort jeudi 10 novembre ; et la boîte à jouer nostalgique de Nintendo, la NES Mini Classic, commercialisée samedi 12 novembre – se dirigent vers des ruptures de stock pour les fêtes.

« Il fallait réserver il y a plusieurs mois »

Celle de la NES Mini Classic était prévisible de longue date. La console rétro de Nintendo, qui permet de rejouer à trente classiques des années 1980 et 1990 pour 60 euros, survole les tops des préréservations depuis son annonce en juillet. Ses commandes sont aujourd’hui closes depuis longtemps.

« Pour en avoir une à Noël, il fallait réserver il y a plusieurs mois », explique-t-on du côté de la Fnac. Dans ce Micromania du centre de Lyon, la demande est très largement supérieure à l’offre : « Nous avons 90 réservations, nous sommes déjà en rupture de stock sur les deux prochains approvisionnements, à Noël et en février. » « Vu la demande, il nous en faudrait 40. Mais si on en a 5 on sera déjà contents », expose, philosophe, le gérant de la boutique indépendante Jeuxvideo.fr.

Le casque de réalité virtuelle PlayStation VR. | Sony

Le PS VR, le casque de réalité virtuelle de Sony, est quant à lui déjà disponible, mais souffre de problèmes d’approvisionnement. Résultat, des stocks qui arrivent « au compte-gouttes », relève-t-on chez Micromania, et des listes d’attente qui se remplissent plus vite que les produits n’arrivent, un peu partout dans les boutiques interrogées. Idem pour la PlayStation 4 Pro, le nouveau modèle de console ultra haut de gamme de Sony, pour laquelle les boutiques s’attendent à recevoir des stocks ajustés pour ne couvrir que les réservations.

Défis industriels et calculs commerciaux

Pour les professionnels de la distribution, il ne fait souvent aucun doute que ces ruptures de stocks sont savamment entretenues par les constructeurs eux-mêmes, qui y verraient un moyen de faire monter la demande. « C’est la théorie du complot classique, mais la raison est beaucoup plus simple, s’exaspère, sous couvert d’anonymat, un industriel lié à l’un des deux constructeurs. Personne n’aime les ruptures de stock, car ce sont des ventes manquées. Mais on ne se représente pas la difficulté que c’est que de produire d’un coup plusieurs millions d’exemplaires d’une nouvelle console. L’usine magique, ça n’existe pas. »

La situation de ces trois périphériques est toutefois suffisamment différente pour que la seule explication logistique suffise. Selon des chiffres qui circulent dans le secteur de la distribution, seules 100 000 NES Mini Classic auraient été allouées à la France, un chiffre peu élevé. Si Nintendo ne communique pas les mises en place au niveau local, il reste que le constructeur japonais n’a pas intérêt à trop mettre l’accent sur cette console rétro, au risque de passer, comme Atari et Sega avant lui, pour une marque du passé. Avec Pokémon Soleil et Pokémon Lune qui arrivent en novembre et la Nintendo Switch, sa future console, en mars, la firme de Kyoto a par ailleurs d’autres priorités.

Interrogé par Le Monde, Nintendo France se défend malgré tout de se désintéresser de son produit :

« Nous pensons que la Nintendo Classic Mini : Nintendo Entertainment System peut être un succès et nous ferons de notre mieux pour répondre à la demande dès son lancement et par la suite avec de nouveaux approvisionnements pour la période des fêtes et après. »

La prudence de Sony

Sony est confronté à d’autres problématiques. Côté PlayStation VR, son premier casque de réalité virtuelle, le constructeur tokyoïte fait face à deux défis. D’une part un important taux de défauts de fabrication dès l’usine, corollaire industriel d’une nouvelle technologie. D’autre part un manque de visibilité du potentiel commercial de ce type de périphérique. A cet égard, le lancement du PS VR faisait l’objet de tests. Lors de la présentation de ses résultats financiers de fin de semestre financier, Sony a annoncé une augmentation sensible de la production, après avoir observé « de très bonnes ventes et des magasins qui trouvent les stocks insuffisants ». Le constructeur ne donne toutefois aucun chiffre.

La PS4 Pro. | Sony

La PlayStation 4 Pro, enfin, n’a pas vocation à être la console de M. Tout-le-Monde à Noël. Mise à prix à 400 euros et conçue pour exploiter les téléviseurs 4K, au parc installé encore faible, elle s’adresse à une clientèle précise et limitée. Du reste, Sony ne peut donner l’impression de se désintéresser du jour au lendemain de la PlayStation 4 classique, qui est le principal moteur actuel de ses ventes. Dans la distribution, on n’en fait d’ailleurs pas mystère : avec la Xbox One S, qui a connu un très bon lancement en septembre, la PS4 restera la console la plus achetée à Noël. Tous modèles confondus, Sony table sur 20 millions de consoles écoulées sur l’année.

Les consommateurs en mal de nouveaux périphériques devront donc prendre leur mal en patience ou se tourner vers le marché de l’occasion, où la spéculation va bon train. Ou, solution aussi simple que méconnue, traquer la machine de ses rêves le jour de sa sortie dans les magasins ne prenant pas de réservation, comme les hypermarchés ou les boutiques de jouets.