Documentaire sur Arte à 22 h 30

DE MÉLIÈS À LA 3D : LA MACHINE CINÉMA - ARTE
Durée : 00:29

Pour celles et ceux qui ne pourront pas se rendre à la Cinémathèque française, à Paris, pour visiter l’exposition « De Méliès à la 3D : la machine du cinéma » (jusqu’au 29 janvier 2017), Arte offre une formidable occasion de plonger dans les réserves de la cinémathèque où sont conservés tous les trésors de l’histoire du cinéma et, particulièrement, ces drôles de machines (caméras et projecteurs) qui ont permis aux spectateurs de rêver devant un écran depuis 1895, date de la première projection à Paris des films des frères Lumière L’Arroseur arrosé et L’Entrée d’un train en gare de La Ciotat.

Le documentaire, assez froid dans sa mise en scène et porté par la voix grave de Denis Podalydès pour le commentaire, nous fait toutefois découvrir des dizaines de caméras et de machines plus originales les unes que les autres. Les plus anciennes sont d’une grande beauté avec leurs mécanismes apparents, peu soucieux d’élégance ou d’ergonomie. On retiendra, entre autres, les premières caméras des Lumière, de Méliès ou d’Etienne-Jules Marey, la caméra de Jean-LucGodard tenue par Raoul Coutard, ou les luxueuses etmodernes Panavision, ainsi que les meilleursappareilsnumériques.

Choix esthétiques

En cent vingt ans, il a fallu aux ingénieurs et aux artistes beaucoup d’intelligence, de calculs minutieux, d’intuition créatrice et de système D pour faire évoluer la façon de filmer et la faire partager. En fer, en laiton, en verre ; avec des mécanismes très sophistiqués, des roues crantées, des chaînes et, parfois même des bouts de ficelle, les machines ont transformé notre manière de voir le monde.

D’abord filmé comme une pièce de théâtre, avec très peu de mouvements dans le cadre, le cinéma s’est vite émancipé grâce à la technique et au bon sens des metteurs en scène. Il suffit de revoir quelques images des films de l’Américain D. W. Griffith ou celles de l’Allemand Murnau et, surtout, du Soviétique Einsenstein pour se rendre compte que, bien avant l’avènement du parlant, les choix esthétiques du metteur en scène étaient essentiels pour fasciner le spectateur et faire évoluer la technique. Le montage, la synchronisation, l’éclairage et la prise de son se sont perfectionnés grâce à l’intelligence renouvelée de ces hommes et femmes confrontés au quotidien à des problèmes pratiques.

Chaque machine avait donc son importance et ses améliorations profitaient à tout le monde. Ainsi, la caméra Technicolor, véritable monstre difficile à bouger, avec trois objectifs qui permettaient de filmer en couleurs, a produit les plus belles comédies musicales hollywoodiennes. Tout comme le Steadicam, qui permet de filmer en courant sans faire bouger le cadre, a révolutionné la réalisation dans les années 1970 et reste indispensable dans bien des tournages.

Réserves de la Cinemathèque française | © Stan neuman/Les films d'Ici

Au fil de ce documentaire, on suit aussi l’évolution du cinéma en tant que grande aventure industrielle et économique. Un univers en perpétuelle transformation qui, aujourd’hui, a atteint ses limites. Grâce à l’ordinateur et à la 3D, la mise en scène ne se fait plus sur un plateau mais assis devant sa machine. Steven Spielberg en fut le pionnier avec son film Jurassic Park, en 1993. Mais, bien que les nouveaux procédés attirent toujours plus de spectateurs, la magie du cinéma s’évapore petit à petit. C’est un peu dommage.

120 ans d’inventions au cinéma, de Stan Neumann (Fr., 2015, 52 min).