Des partisans de Donald Trump, à l’hôtel Hilton Midtown de New York où le candidat républicain célèbre sa victoire, dans la nuit du 8 au 9  novembre. | CHIP SOMODEVILLA / AFP

Donald Trump a tenu parole. A la veille du scrutin présidentiel, le candidat républicain avait promis un « Brexit puissance trois », en référence au vote surprise des Britanniques pour sortir de l’Union européenne, le 23 juin. Le séisme a bien eu lieu, mardi 8 novembre, avec pour épicentre l’hôtel Hilton Midtown à Manhattan, transformé en QG de victoire, le temps de la soirée électorale.

Donald Trump y croyait-il lui-même ? On peut en douter : jusqu’au dernier moment, le milliardaire new-yorkais a laissé planer le doute sur le fait de savoir s’il accepterait le résultat du scrutin qu’il a jugé « truqué » du début à la fin. « Nous allons voir comment les choses tournent », avait-il lâché peu avant le début de la soirée. Après une nuit de suspens, la seule certitude, désormais, est qu’il ne contestera pas l’élection.

Dans son discours de victoire, M. Trump a, au contraire, appelé à « panser les plaies de la division » qu’il n’a pourtant cessé de creuser tout au long de la campagne. « L’heure est venue de nous réunir » pour réaliser « un rêve immense, audacieux », ajoutant « le travail ne fait que commencer. Vous serez si fier de votre président », a-t-il souligné. « Nous nous entendrons avec tous les autres pays qui ont la volonté de s’entendre avec nous », a assuré le milliardaire.

Musique de péplum

De façon surprenante, les premiers mots du futur président américain ont été adressés à son adversaire, Hillary Clinton. « Je viens de recevoir un appel de la secrétaire d’Etat Clinton. Elle nous a félicités (…) Et je l’ai félicitée, elle et sa famille, pour cette campagne très très durement disputée », a-t-il déclaré après avoir fait son entrée sur une musique digne d’un péplum. « Hillary a travaillé très longtemps et très durement », a-t-il poursuivi, affirmant que les Etats-Unis étaient « redevables » envers elle, alors qu’il l’a injuriée pendant des mois.

Des partisans de Donald Trump, à l’hôtel Hilton Midtown de New York où le candidat républicain célèbre sa victoire, dans la nuit du 8 au 9  novembre. | SPENCER PLATT / AFP

Tout au long de la soirée, la tension est montée doucement, comme une lame de fond. Au fur et à mesure que les Etats tombaient dans l’escarcelle de Donald Trump, l’excitation s’est peu à peu amplifiée avant de se transformer en véritable euphorie.

Le milliardaire n’avait pourtant pas fait forcément les choses en grand, contrairement à sa rivale, Hillary Clinton, qui avait loué pour l’occasion le gigantesque Javits Convention Center, un centre de congrès situé sur les bords de l’Hudson River. Au contraire, M. Trump avait choisi d’organiser sa soirée électorale en petit comité. Les quelques centaines de supporters triés sur le volet sont restés toute la soirée les yeux rivés sur les deux écrans géants qui retransmettaient la soirée électorale de Fox News, sans vraiment croire à ce qui était en train de se passer.

L’Ohio bascule

Avec leur casquette rouge barrée du désormais fameux slogan « Make America Great Again », ils ont réalisé leur rêve : porter leur candidat à la Maison Blanche. « C’est vraiment la voix du peuple américain dans toute sa splendeur qui s’est exprimée ce soir », s’enthousiasme Rosine Ghawji, l’une des membres de l’équipe de campagne de Donald Trump. « Les Américains sont un peuple qui peut être long à la détente, mais qui a su se rebeller contre un système truqué, qui est au bout du rouleau. Il y a beaucoup plus de chômage qu’on ne le dit, une dette énorme, des pans entiers de l’industrie qui partent vers la Chine ou le Mexique. Et puis il y a ces guerres perpétuelles, auxquelles les Américains ne veulent plus participer », résume-t-elle.

Les supporters de Donald Trump ont sans doute compris qu’il se passait quelque chose un peu après 22h30 quand l’Ohio a basculé dans le camp républicain. Chacun avait en tête que la dernière fois qu’un candidat républicain avait remporté cet Etat du Midwest sans gagner l’élection présidentielle, il fallait remonter à Richard Nixon en 1960, lorsqu’il avait perdu contre John F. Kennedy. Et puis, moins d’un quart d’heure plus tard, la très convoitée Floride et ses 29 grands électeurs était à son tour conquise. Cet Etat, que le milliardaire appelle sa « seconde maison » à cause de la propriété qu’il possède à Mar-a-Lago à Palm Beach avait été remporté par Barack Obama lors des deux dernières élections.

Tombereaux d’injures

Mais il a fallu attendre encore plus de deux heures pour que la victoire se confirme, quand la Pennsylvanie est tombée à son tour, alors que Hillary Clinton avait fait la course en tête dans cet Etat une bonne partie de la soirée. Le chiffre magique des 270 grands électeurs était enfin atteint vers 2h40 du matin grâce aux dix voix du Wisconsin.

Pendant ce temps-là, à l’extérieur, la liesse n’a cessé de prendre de l’ampleur. Plusieurs dizaines de supporters se sont réunis à proximité du Hilton. « Ils disaient que nous ne pouvions pas le faire ! », exultent certains, tandis que d’autres scandent « U-S-A, U-S-A ». Un homme vêtu d’une veste militaire sort de son sac un drapeau américain avant de proférer des tombereaux d’injures contre CNN et son présentateur vedette Anderson Cooper.

À quelques blocs de là, un spectacle étrange : Times Square s’est soudainement arrêté de vibrer. Plusieurs milliers de personnes, hébétées, regardent en silence les résultats qui tombent sur les écrans géants. Certains se frottent les yeux. Mais Donald Trump est bien le 45e président des États-Unis.