Samuel Mayol, en octobre 2015. | THOMAS SAMSON / AFP

C’est sans doute l’épilogue de la longue « affaire » qui a empoisonné l’institut universitaire de technologie (IUT) de Saint-Denis depuis 2013. Samuel Mayol, son directeur, vient de remporter l’ultime bataille dans une guerre sourde qui l’opposait à l’ancien président de l’université Paris-XIII, Jean-Loup Salzmann. Dans un jugement rendu le 2 novembre, le tribunal administratif de Montreuil a considéré qu’il avait été suspendu « à tort » par la présidence. Ce jugement du tribunal s’ajoute à la décision de la commission disciplinaire de l’université de Bordeaux (son cas avait été dépaysé) qui avait déjà blanchi, en juillet, le directeur accusé de « manipulation ­islamophobe » et de « conflit d’intérêts ».

« Cette décision du tribunal de Montreuil a une valeur symbolique pour moi, déclare Samuel Mayol au Monde. Elle acte la fin du conflit. Je ne souhaite pas porter plainte contre l’université. Nous avons envie – le nouveau président, Jean-Pierre Astruc, et moi-même – d’avancer et de tourner la page sur cette affaire. » Sollicité, Jean-Loup Salzmann s’est refusé à « tout commentaire ».

Samuel Mayol avait été démis de ses fonctions de directeur et d’enseignant le 12 novembre 2015. Jean-Loup Salzmann l’accusait d’avoir favorisé sa femme dans l’attribution d’un marché de formation professionnelle, et d’avoir mis en place un « système occulte d’attribution de jours de congé ». Il le soupçonnait, surtout, d’avoir introduit des tapis de prière dans le local d’une association étudiante musulmane, pour faire croire à l’existence de graves atteintes à la laïcité au sein de l’établissement.

Une affaire obscure, politique et nourrie par des haines personnelles qui prend ses racines en 2014. Samuel Mayol, fraîchement élu à la tête de l’établissement, relève alors un certain nombre de « dysfonctionnements » dans la gestion humaine et financière du département technique de commercialisation, signalés notamment par des étudiants et des enseignants. Il reçoit alors de nombreuses menaces de mort, sans qu’aucun lien ne puisse être établi. Il est aussi victime de deux agressions physiques. Des plaintes ont été déposées. Les auteurs n’ont jamais été identifiés.

Détournement de fonds

A la demande du ministère de l’éducation nationale, l’inspection générale de l’administration et de l’éducation nationale et de la recherche est missionnée pour enquêter sur ces faits. Dans un premier rapport de mars 2015, les inspecteurs relèvent effectivement de graves dérives. Ils dénoncent un système clanique et un prosélytisme religieux. La fuite du rapport dans la presse avait fortement irrité Jean-Loup Salzmann et envenimé ses relations avec Samuel Mayol.

Une dernière affaire est toujours en cours d’instruction : le détournement de fonds présumé dans le département technique de commercialisation de l’IUT à l’origine de la discorde. L’association de lutte contre la corruption Anticor a déposé plainte en octobre 2015 auprès du procureur de Bobigny.