La PlayStation 4 Pro. | Sony

Officiellement annoncé en septembre, le nouveau modèle de PlayStation 4, baptisé PS4 Pro, sort ce 10 novembre dans le monde entier. Une nouvelle console ? Pas vraiment. La PlayStation 4 Pro fait tourner exactement les mêmes jeux que la précédente machine de Sony. La différence : elle est capable d’afficher des graphismes de qualité légèrement supérieure, en particulier chez les possesseurs de télévisions ultra-haute résolution.

C’est justement parce que la 4K appliquée au jeu vidéo est le principal argument de vente de la PlayStation 4K Pro que la décision de Sony étonne : sa nouvelle console est en effet incapable de lire les films sur support Blu-ray 4K, ou « Ultra-HD ». Incompréhensible pour les observateurs de la marque japonaise, qui a pourtant inventé ce support.

L’argument douteux du prix

Interrogé par le site Pocket-lint, Masayasu Ito, vice-président de Sony Interactive, a avancé début septembre un début d’explication : la technologie des lecteurs de disques Blu-ray 4K serait coûteuse. C’est pour pouvoir proposer une console au meilleur prix que la firme japonaise n’en aurait pas équipé sa PlayStation 4 Pro.

Une explication pour le moins curieuse, et en tout cas difficilement lisible pour les consommateurs : la Xbox One S du concurrent Microsoft, certes moins puissante, embarque bien un tel lecteur alors même qu’elle ne coûte que 300 €, soit 100 € de moins que la PS4 Pro.

Par ailleurs, Microsoft a toujours vendu sa Xbox One comme un appareil multimédia. Si, dans les faits, sa machine était jusque-là quasiment identique, Sony, à l’inverse, a toujours veillé à s’adresser en priorité aux joueurs, présentant sa PS4 d’abord et surtout comme une console de jeu. Une spécialisation assumée et bien pratique : pure machine de jeu, la PS4 Pro ne sera donc pas amenée à marcher sur les plates-bandes d’un futur et hypothétique lecteur de Blu-ray 4K made in Sony (pour l’heure, seuls Samsung et Panasonic occupent le créneau).

Le streaming, nouvelle norme

Outre l’argument du prix, les pratiques ont évolué. « Notre sentiment est que si les ventes en boîte restent une part importante du marché du jeu vidéo, nous observons une tendance au streaming pour ce qui est de la vidéo », explique au Guardian le PDG de Sony, Andrew House.

Au premier semestre 2016, les ventes en valeur de Blu-ray ont baissé de 7,9 % selon le dernier baromètre CNC-GfK. Et si, selon Variety, les premiers Blu-ray 4K, commercialisés depuis mars, s’écoulent quatre fois plus vite que ne l’avaient fait leurs ancêtres, les Blu-ray « simples », lors de leur lancement il y a dix ans, ils n’ont pas, à l’inverse de ces derniers, à composer avec une concurrence féroce, comme celle du HD DVD.

Pendant ce temps, depuis la sortie de la PS4 il y a trois ans, le nombre d’abonnés au service de streaming de films et de séries Netflix a quant à lui quasiment doublé, passant de 44 à 87 millions d’utilisateurs à travers le monde.

Sony a lui-même lancé au printemps ULTRA, son propre service de streaming en ultra haute définition. Disponible depuis le mois d’avril sur les télévisions connectées Sony les plus récentes, il devrait être étendu dès 2017 aux PC embarquant un processeur Intel de septième génération. Et, qui sait si, dans les mois à venir, il ne sera pas également porté sur la PlayStation 4 Pro ?

En attendant, Netflix et Amazon sont déjà présents sur PS4, et ont promis une mise à jour en 4K pour la PS4 Pro. Et tant pis si la qualité effective d’image dépendra, dans les faits, pour beaucoup de la connexion Internet de l’utilisateur.