Myriam El Khomri, ministre du travail, et François Hollande, président de la République, le 12 septembre. | STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

François Hollande y verra une preuve, supplémentaire, que « ça va mieux », selon sa formule souvent brocardée par ses nombreux détracteurs. Au troisième trimestre, le nombre de salariés travaillant dans les secteurs marchands (abstraction faite de l’agriculture) s’est accru de 52 200, en progression de 0,3 % par rapport au trimestre précédent, selon une estimation provisoire diffusée, jeudi 10 novembre, par l’Insee. C’est le meilleur résultat enregistré depuis le début de la crise déclenchée en septembre 2008 par l’effondrement de Lehman Brothers. Il faut, en effet, remonter au troisième trimestre 2007 pour trouver des indicateurs un peu plus élevés (+ 55 400). La tendance est orientée à la hausse pour le sixième trimestre de suite.

En un an, les effectifs employés dans les entreprises privées s’étoffent de 145 100 pour atteindre 16,067 millions, un niveau sans précédent depuis l’automne 2011. Ces données « confirment l’amélioration de la situation du marché de l’emploi, ce qui renforce notre détermination à poursuivre notre action », s’est réjouie, jeudi, la ministre du travail, Myriam El Khomri.

L’accélération observée durant les trois derniers mois est portée par la santé florissante des sociétés de service, avec des créations nettes d’emplois proches de 61 000. Un boom largement imputable à l’intérim : quasi + 30 000, soit une hausse de 5,1 % en un trimestre (après un premier semestre stable).

Légère hausse des constructions

Dans la construction, l’hémorragie semble être jugulée puisque le nombre de salariés augmente très légèrement en trois mois (+ 300), tout en affichant un recul sur un an (– 7 100). Il faut cependant se rappeler que le bâtiment a perdu, de début 2007 à début 2016, 11,3 % de ses bataillons, à la suite de l’affaissement des mises en chantier de logements. Les statistiques publiées jeudi tendent donc à montrer que les entreprises du secteur sortent peu à peu de la crise, grâce à un redémarrage du nombre d’habitations construites.

Un gros point noir subsiste : l’industrie, où l’emploi continue de s’étioler (– 9 100 en trois mois et – 33 100 en un an).

Mais, pris globalement, les chiffres de l’Insee sont encourageants, tout comme ceux récemment diffusés sur l’évolution du chômage. En septembre, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) a, en effet, diminué de 66 300 en France métropolitaine pour redescendre sous la barre des 3,5 millions de personnes. Soit le plus net repli depuis novembre 2000 (Le Monde du 27 octobre). Depuis le début de l’année, on recense quelque 90 000 chômeurs de moins dans la catégorie A.

Aides à l’embauche

Mme El Khomri pense que ces bons indicateurs résultent des mesures mises en place par le gouvernement : aides à l’embauche accordées aux PME, baisse du coût du travail induite par le pacte de responsabilité et le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, etc. Le contexte macroéconomique a joué aussi favorablement : taux d’intérêt bas, pétrole bon marché (même si les cours de l’or noir sont repartis à la hausse)…

L’amélioration qui s’esquisse donne des arguments au chef de l’Etat pour se présenter en 2017, puisqu’il avait conditionné sa candidature à une inflexion de la courbe du chômage. Mais il n’est pas sûr pour autant que l’opinion juge son action efficace, d’autant que le nombre de demandeurs d’emploi (en catégorie A) reste supérieur de plus de 560 000 à ce qu’il était lors de la victoire de M. Hollande à la présidentielle de 2012.